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276 CORRESPONDANCE. esprit si vrai, si naturel, si facile, et quelquefois si sublime. Qu’il serve A vous consoler, comme il servira A me charmer. Conservez-moi une amitié que vous devez A celle que vous m’avez inspirée. Adieu, Mon- sieur, je vous embrasse tendrement *. 111. - VAUVENARGUES A VOLTAIIIE. . Aix, lc 2t janvier H45. J’ai regu, Monsieur, avec la plus grande confiance et la reconnaissance la plus tendre, les louanges dont vous ho- norez mes faibles écrits. Je ne dois pas étre faché que le premier discours que j’ai pris la liberté de vous envoyer ait vu le jour, puisqu’il a votre approbation, malgré ses défauts; j’aurais souhaité seulement le donner A M. de la Bruére dans une imperfection moins remarquable. J’ai lu avec une grande attention ce que vous me faites l’honnenr de m’écrire sur La Fontaine. Je croyais que le mot instinct aurait pu convenir A un auteur qui n’aurait mis que du sentiment, de l’harmonie et de 1'éloquence dans ses vers, et qui, d’ailleurs, n’aurait montré ni pénétration ni ré- llexion; mais qu’un homme qui pense partout, dans ses Contcs, dans ses Préfaces, dans ses Fables, dans les moin- dres choses, et dont le caractere méme est de penser ingé· nieusement et avec finesse; qu’un esprit si solide soit mis Hans le rang des hommes qui ne pensent point, parce qu’il n’aura pas eu dans la conversation le don de s’ex- primer, défaut que les hommes, qui sont exagérateurs, _ ont probablement fort enllé, et qui méritait plus d’indul· gence dans ce grand poete, je vous avoue, Monsieur, que cela me surprend. ll n’appartient pas A un homme né en

  • Cette lettre dc Voltaire est, siuon moins anectueuse , du moins, plus

rérémonieusc que les précédentes : si l’on remarque que In correspondence

n.u:te_irgerrompne pendant pres d'un an, on s’expliquera la ditférenoe de