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I 266 i CORRESPONDANCE. l ment. Voyez la-—dessus ce que j’écris A Mirabeau *, si vous . etes a portée; il m’a reproché de mettre trop de poétique dans ma prose, trop d’images, trop de passion, et des transi- tions trop soudaines. Je voudrais, mon cher SaintQVincens, que vous me dissiez la-dessus votre pensée, sans fard; je mérite peut-etre qu’on me parle avec sincérité. ll faudrait que vous eussiez présentes a l’esprit les Pen- sécs_ et les Proviuciales de Pascal, les Oraisom fuuébrcs de Bossuet, le Télémaquc de Fénelon, et La· Bruyere, pour juger du parallele que j’en fais ’; Lorsque vous m’aurez donné votre décision sur ces orateurs, je vous enverrai ce que je pense de nos grands poétes. Mais retranchez, je vous prie, de vos lettres tous ces discours de modestie, qui tieunent la place de quelque chose de meilleur. Persoune n’est ca- pable comme vous de bien juger; ce n’est pas parce que vous me louez que je le dis, car cela devrait, au contraire, m’empécher de vous le dire; mais je l’ai pensé avant que vous me louassiez, et il ne m’est pas possible de changer - d’idée. _Adieu, mon cher Saint-Vincens. Voila notre campagne, _ bien heureusement, finie. Il y a quinze jours que cette lettre est écrite; mais j’attcndais de savoir avec certitude notre destination, pour vous en faire part : adressez-moi votre premiere lettre A Arras, ou je serai le 9 décembre, avec le regiment du Roi. J’ai fait de petits changements aux mor- ceaux que je vous ai envoyés; je pourrai, dans la suite, vous les communiquer; je n’en ai pas aujourd’hui le loisir. Si vous avez occasion de voir le marquis de Mirabeau, je vous prie de lui dire que le régiment du Roi va a Arras. ' On voit, ici, que Vauvenargues s’est enlin décidé A mettre Mirabeau dams son secret. (Voir la note de la page 12h.) — G. ‘

  • Voir le 1** Fragment, intitulé : Les Oralcurs. — G.