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258 CORRESPONDANCE. 90. —- LE MEME A SAINT-VINCENS. . A Nancy, le {S mai 1743. Vous avez raison, mon cher Saint-Vincens, de ne pas chercber a dormer une tournure a vos lou auges; les louanges les plus simples sont les plus touchantes, lorsqu’elles sont les plus vraies; mais il faut qu’el1es soient vraies, car les fausses ne soutiennent point cette simplicité, et l’art seul les rend supportables. ' . Je suis bien aise que vous ayez été content de mon dis- cours ’; mais j’aurais souhaité que vous me parlassiez de ses défauts avec plus d’étendue. Quand il se trouve quel- que cbose de moins faible que le reste dans un homme qui écrit comme je fais, personne ne manque de le relever; mais, pour les défauts, nul n’en parle, hors les véritables amis; car ily aurait trop a reprendre. J’ai été étonné, mon cher Saint—Vincens, que, bornant votre critique aux termes ‘ de beaux yeu.1: et d’innocente j0ie’, qui sont des épithetes, ·ce me semble, que l’amitié peut soulfrir, vous ne parliez pas de quelques endroits beaucoup plus forts : ct jc favais · rendu mille fois, en .scc1·e¢, un hommagc mystérieux, et cette apostrophe meme tout entiere. ‘ Une chose encore que j’ai remarquée, c’est que plusieurs personnes m’ayant parlé, comme vous, de mon discours, avec éloge, aucuue ne m’a dit qu’il fait touchant'. Or, comme le sujet est. patbétique de lui·méme, il faut qu’il y ait quelque grand défaut, dans l’expression, qui refroidisse, soit accablement d’ornements, soit défaut de naiveté, soit exagération dans les pensées; car ce n’est pas, ce me sem- ble, faute de passion qu’il n’émeut pas, maisplutot parce que la passion y est fardée; néaumoins, mon cher Saint- f Il s’agit do l'Elogc efllippolyte dc Seytres. — G.

  • Ces expressions ne se retrouvent pas dans Ia demienc version que Vau-

' venargues a laissée de ce Discours. — G. ¤ Voir la derniére note de l‘Eloge d’Hippolyte de Seguros. — G.