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` 250 CORRESPONDANCE. 86. — LE MEME AU ROI. A Nancy, le 8 avril l743. Sire , . Lorsque l’on n’a: plus rien a espérer de la fortune, on se tourne d’abord, bien naturellement, vers ceux qui sont au- dessus d’elle. Je sers depuis huit aus,. en France, dans les emplois subalternes de la guerre, sans promesse, et sans espérance. Cette situation, insupportable a Page de vingt- sept ans, m’a fait naitre la pensée et la hardiesse d’oll`rir mes services a Votre Majesté. Vous savez, Sire, qu’il est . dillicile qu’on n’espére pas quelque chose des hommes que le monde admire : ils élevent nos sentiments; nous croyons _ trouver dans notre ame de secretes convenances qui la ren- dent digne d’eux, et notre vanité rappelle ainsi a elle tout ce qu' elle leur sacrilie. ` J’ai honte, Sire, de vous laisser voir ce que je presume de moi; mais j’ai remarqué trés—souvent que les espérances les plus ridicules, et les plus hardies, avaient été presque touj ours la cause des succes extraordinaires * . Je ne demande a Votre Majesté que d’agréer que je me donne a elle, et que je serve auprés de sa personne, n’importe dans quel em- ploi, et j’ose croire qu’il n’y a rien dans ma naissance, ni dans ma conduite, qui puisse m’éloigner de cet honneur : je ferai connaitre l’une et l’autre a Votre Maj esté, lorsqu’ elle l'ordonnera, et ma vie répondra de ma sincérité. J 'espére encore, Sire, que vous me pardonnerez de m’a· dresser directement a Votre Majesté. Je sais combien cette hardiesse est éloignée du cults que l’on rend aux Bois; il ¤ Vauvennrgues a détacbé cette phrase, pour ln placer dans ses Maximo:. (voir la. 231•), mais la forms en est moins atlirmative, car le mot quelqucfois y mt substitué A prcsquc loujours. Cette lettro, d’ailleurs, no fut pas remise au Roi: Vauvenargues apprit bientot que son regiment nllait se remettre cn com- pagne; il no voulut pas quitter les drapeaux on un pareil moment, et lora- que, la campagne faite, il reprit son projet, il rédigea pour le Roi une autre lettre, que l’on trouvera sous le n° 95. — G.