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I0 DIALOGUES. xsocaxrs. Mon cher Démostbéne, permettez—moi de vous interrom- pre : est-ce que vous pensez que Yéloquence soit l’art de mettre dans son jour la vérité? otuosrntm:. On peut s’en servir quelquefois pour insinuer un men- songe; mais c’est par une foule de vérités de detail qu’on parvient a faire illusion sur l’objet principal. Un discours, tissu de mensonges et de pensées fausses , fut-il plein d’esprit et d'imagination, serait faible, et ne persuaderait personne ‘. · _ nsocnus. . Vous croyez donc, mon cher Démosthibne, qu’il ne suiiit point de peindre et de passionner, pour faire un discours eloquent? · . _ _ neuosrntms. Je crois qu’on point faiblement, quand on ne peint pes . la vérité; je crois qu’on ne passionne point, quand on ne soutient point le pathétique de ses discours par ia force de ses raisons; je orois que peindre et toucher sont des par- ties nécessaires de Péloquence, mais qu’il y faut joindre, pour persuader et pour convaincre, une grande supériorité de reisonnemeut. _ rsocnns. — On n’a donc, selon vous, qu’une faible eloquence, lors· qu’on n’a pas, en meme temps, une égale supériorité de raison, d' imagination et de sentiment; lorsqu’on n’a pas une Ame forte et pleine de lumieres, qui domine de tous _c6tés les autres hommes? ’ ntuosrntmz. , . Je voudrais y ajouter encore Yélégsnce, la pureté ·et Pharmonie; car, quoique ce soient des choses moins es- sentielles, elles contribuent cependant beaucoup a I’il1u- '• Voir la Maximo 276*. -· G. ·