Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

_ 234 CORRESPONDANCE. 77. — LE MEME AU MEME. A Paris, I0 l0 févriert74l. Vous n’avez pas bonne grace, mon cher Saint-Vincens, de vous plaindre de ma paresse, étant en arriere avec moi, et vous etes encore moins fondé A prendre mon silence pour ` un refroidissement; je ne puis pas croire, mon cher Saint- Vincens, que vous m’ayez fait ce tort-la; vous ne le croyez pas vous-meme; consultez-vous, je suis snr que vous n’y avez pas pensé; il n’est pas possible meme qu’il soit né dans votre esprit le plus léger soupcon, et il n’y a rien de sérieux dans votre lettre. J’avouerai bien que j’ai tort de ne vous avoir point écrit; j’ai prévenu vos reproches, et je mfen i suis fait moi-meme; mais ces retours regardaient ma pa- resse ; je u’en [ai] jamais eu A faire sur mon amitié : enfin, oublions tout cela, et soyons, A l’avenir, plus sinceres et plus exacts. ` — Je suis prét A quitter Paris. Ma santé s’y trouvait bien, du moins A plusieurs égards: j’y menais une vie douce, je m’y serais amusé, si j’y avais eu plus d’argent; mais la · misere commencait A m’inquiéter et A troubler mon repos, et, eniin, elle me chasse, et je tache de la fuir. Je m’en re- tourne donc AMetz; j’y serai dans quatre jours, et j’y atten- drai impatiemment vos lettres et vos excuses, car vous m’en devez aussi, cela n’est pas douteux. Vous m’avez fait grand plaisir de me mander tout le bien que l’on vous a dit de moi : c’est une marque qu‘au moins l’on connait notre amitié; et que puis-je désirer apres cela? Ne suis-je pas trop heureux? Cependant, je vous assure que c’est lA le moindre fruit que je puisse retirer d’une si chere amitié; elle fait tout le charme de ma vie, et rien ne pourra jamais la rendre plus considérable, ou plus pré- cieuse, A mes yeux. Cela part du fond du coeur. Vous avez fort bien fait de ne pas montrer ma lettre A