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de ces nouveautés, et vous n’aurez point de repos, que vous ne m’en ayez instruit ; vous connaissez la noirceur de l’esprit qui me domine ; cela doit vous encourager.

Ma santé se fortifie depuis que je suis ici; les eaux de Vals * m’ont fait du bien, et je m’arrache` A moi-meme au- tant qu’il depend de moi, pour tromper les inquiétudes qui ° suivent la rétlexion ; mais votre confiance, mon cher Saint- Vincens, vos lettres, votre amitié, les charmeront sans eifort. Ne me négligez donc pas, je vous supplie; ne vous cachez pas de moi, laissez-moi voir votre coeur; point de tours, point de mesure, point d’ouverture A demi; je n’en aurai jamais pour vous, vous lirez toujours jusqu’au fond, lorsque vous voudrez y lire, et cette communication· de sentiments fera le bonheur de ma vie. Adieu, mon cher Saint-Vincens.

72. — LE MEME AU MEME.

[A Vauvenargues], le 3 novembre {N0.

Je suis touché et persuade, mon cher Saint-Vincens, de l’intéret que vous prenez A ma santé; il est vrai qu’ il manquait quelque chose au plaisir que j’ai de la voir rétablir ; je l’ai senti, en lisant votre lettre, et j’ai fait leexpérience de tout ce que l’amitié peut ajouter de douceur et de sensibilité aux joies les plus naturelles. En vérité, mon cher Saint-Vincens, rien n’est parfait sans l’amitié, rien n’est entier, rien n’est sensible ; je plains com qui la negligent, et qui ne veulent chercher leur bonheur que dans eux-memes. ll y a des moments de force, des moments d’élévation, de passion, et d’enthousiasme, ou l’Ame peut se suffire, et dédaigner tout secours, ivre de sa propre grandeur : le philosophe dont vous me parlez ne voulait tromper personne, en bravant des douleurs aigués; sou esprit, possédé du charme et

I Petite ville, de 3,000 habitants, dans le département do l’Ardècbe. — G.