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22}_ CORRESPONDANCE. des paysans , qui vous occupe comme un secrétaire d’Etat , et vous assomme de mécanisme; c’est A celle-IA, pourtant, queje donne le plus de mes moments. Pour en revenir A mes occupations, A sept heures je suis habillé, et A mon bureau jusqu’A midi; je cause en rodant dans une salle, avec ma mere, jusqu’A deux heures, et de IA, au meme cabinet, jusqu‘a . sept beures; l’on sort, l‘on soupe, et l'on est couché A onze heures. Le monde dérangera une peu cette économie, mais,_enfln, je ne m’en— nuie point; j’ai tout au plus quelques regrets de comparaison; encore sont-ils rares. La volupté, mon cher ami, est devenue le bourreau de mon imagination, et je paierais bien cher mes folies et le derange- ment de mmurs, qui m‘est devenu‘ une seconde nature; hors de·lA, je suis maintenant comme un poisson dans l‘eau, et, s’il vous plait, je {ais des vers! quand ils seront mieux polis, je vous les enverrai. Je ne sais si vous m’avez amené A dire que je ne respectais point le bon sens; ce qu’il y a de sur, c'est que j’ai pour lui tant de vénération que je n’ose en approcher; je ne le crains pas d‘ailleurs; mais, jusqu‘ici, le drole ne s’annonce point. • Il est juste de vous parler de mon frere : il travaille onze heures de la journée A lire et A extraire Boulainvilliers, né plus sec des auteurs '; · il est ardent, et propre au travail. Vous dirai-je que je trouve en lui aussi des ditiicultés pour ne point aller A Paris, mais A Malte? Ses rai- sons sont qu’A seize ans, l’on n’est point regu encore dans le monde, et qu’il ne veut point de Iiaisons de jeunes gens; qu’A dix—huit ans, il sera de retour de Malte; le detail de ses aifaires entre aussi dans son plan. Venez, nous raisonnerons de tout cela; tout le monde, ici, vous desire, et vous fait ses compliments. 69. —— VAUVENARGUES A MIRABEAU. A Vanvenargues, le t9 aoixf |740. Je ne saurais trop vous demander, mon cher Mirabeau, lcs Vers que vous me promcttcz; je ne m°y connais point. du ¤ Henri, comte de Boulainvilliers (1658-1722), a laissé sur Pbistoire de France plusieurs ouvrages, imprimés apres sa mort, et dont les principanx sont l'Hist0irc de Pancien gouvemement de France, et l’Abrégé chronologique de Phistotrc dc France, jusqu’A Henri IV. - G. i Q