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66. — VAUVENARGUES A MIRABEAU.

A Vauvenargues, le 2 août 1740.

L’on me renvoie de Metz votre derniere lettre, mon cher Mirabeau : elle me fait grand plaisir ; j’étais faché de n’avoir pas de vos nouvelles ; je n’en devinais pas la cause ; je suis bien aise d’avoir de quoi me rassurer contre votre silence ; il commencait a m’étonner ; j’avais besoin de témoignages, pour guérir mes défiances, et je suis charmé d’en avoir un, car il me serait toujours fort triste d’avoir a me plaindre de vous.

J’ai presse mon départ de Metz, par une de ces inquiétudes qui me sont si familieres; je ne comptais pas venir si tot, et mon estomac était fort dérangé, lorsque je me suis mis en route; ily avait plus de quinze jours que je ne prenais que des bouillons et des oeufs frais, ne pouvant soutenir une autre nourriture. Présentement, cela va mieux, mais j’ai besoin de regime, et je suis venu ici pour l’observer tout entier, et sans nulle interruption`. Lorsque je me trouverai bien, je n’aurai rien de plus pressé que d’aller a Mirabeau ‘; j’ai beaucoup d’euvie de vous voir; mandez· moi quel temps je dois prendre, pour vous faire ma visite; je serai charmé de trouver les gens dont vous me parlea.

Vous ne me dites rien de la part du chevalier ; est-ce votre


• s’est moqué avec raison. • (Id., ibid., page 216.)-—En eEet, Le Franc de Pompignan et l’abbé de Mouville flrent, en i7li0, le voyage que Mirabeau annonce ici, et ils en rédigerent une relation qui parut en i7h6 (Amsterdam, Chareatt, un vol. in-12), nous le titre de Voyage en Languedoc et en Provence, fait en 1740, par MM. Le F. (Le Franc de Pompignan), le M. de M. (le marquis de Mirabeau), et l’abbé de M. (l’abbé de Mouville). Lucas-Montigny (ibid., page 229) pense que rien n’appartient au marquis de Mirabeau dans cet ouvrage frivole et graveleux qui, a quelques vera pres, n’eat nullement digne de Le Franc de Pompignan. — G.

Le château de Vauvenargues, qui n’est guère qu’à deux lieues d’Aix, est encore moins éloigné de celui de Mirabeau. Le premier est, à peu près, en même état qu’au temps où Vauvenargues l'habitait ; le second, détruit presque entièrement pendant la Révolution, a été récemment rebâti, avec une pieuse exactitude, par MM. Lucas-Montigny, pére et fils. — G.