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CORRESPONDANCE. 213 Yabaudonner a sa propre fantaisie, comme vous me le mar- quez. C’est une chose ridicule al’excés, que je vous le re- ` commande; cependant votre amitié peut rendre cela sup- portable; voyez combien je me tlattel Adieu, mon cher Mirabeau. 6!|. — LE MEME A SAINT-VINCENS. A Metz, le 4 juin 1740. _ Je suis persuadé, mon cher Saint-Vincens, de la sincé— rité de tes offres; elles me touchent aussi trés-véritablement. Comme je ne suis point aimable, j’ai peine a me croire aimé; cela jette quelquefois des ombres dans mon esprit; mais la naiveté de tes paroles les écarte et les dissipe. Je suis charmé que tu sentes aussi la vérité de mon amitié; tu ne pourrais pas, du moins, si tu ne la sentais pas, me dire rien de plus agréable ; mais pourquoi en douterais-tu? tout sert a t’en assurer. Je songe, avec bien du plaisir, a celui que j’aurai de te voir cet hiver; j’espére, mon cher Saint-Vincens, que rien ne m’en distraira zje profiterai des moments que je pourrai passer avec toi; il me semble que nous ne nous serons jamais assez vus, ni bien connus. Il est vrai que je ne renonce point a l’Angleterre; je n’achéverai pas ma vie, si je puis, sans l’avoir vue; cependant le gout des voyages ne me posséde plus tant;1a fatigue, la dépense, Yignorance des langues, et bien d’autres pensées, me refroidissent tous les jours. Ce que tu me mandes de M. Bristol lui fait beaucoup d’hon- neur, mais, tes rétlexions sont fort bonnes : cela en fait aussi a sa patrie, et l’on n’en use point ainsi en France. ll y a ici beaucoup de Provencaux; l’on écrit a M. de Bras que ` l’église des Grands-Carmes s’est écroulée soudainement. Ce temple avait été bien profané; si ses ruines eussent englouti les gens de la belle-messc*, cela viendrait bien a propos; 1 Uéglise des G1·¤nds·Carmes, a Aix, avait été bétie en 1359; il n’en reste, n