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I C0llllESPONDANCl·l. |93 de la corruption; la, paralt la vertu sans homes, les plaisirs sans infamie, l’esprit sans affectation , la hauteur sans vanité, les` vices sans bassesse, et sans déguisemeut. Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces Vie: ‘ ; je ne passais point de nuit sans parler a Alcibiade, Agésilas, et autres; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des i pierres’. Vous souvenez-vous que, César voulant faire passer I une loi trop a l’avantage du people, le meme Caton voulut l’empécher de la proposer, et lui mit la main sur la bouche} pour Yempecher de parler 7 Ces maniéres d’agir, si con- traires a nos mmurs, faisaient grande impression sur moi. K ll me tomba, en meme temps, un Sénéque dans les mains, je—ne sais par quel hasard; puis, des lettres de Brutus a Cicéron, dans le temps qu'il était en Grece, apres la mort de César: ces lettres sont si rem plies de hauteur, d’élévation, de passion, et de courage, qu'il m’était bien impossible de les lire de sang-froid; je mélais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elIes mettaient en moi; j’étoutl`ais, je quittais mes liv1·es, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse ', en courant de toute ma . force, jusqu’a ce que la lassitude mit fin a la convulsion ‘. _ C’est la ce qui m’a donné cet air de philosophic, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoicien de la meil- leure foi du monde, mais stoicien a lier; j’aurais voulu qu'il

  • Ou sait que J.·J. Rousseau pleurait. aussi, en lisant Plutarque. — G.

T Rapprocbez du 23• Caractére (Horace, ou Penthousiaste). — G. · H .... {L $..‘;i.‘§.,°Z..‘°.¥Z3’T.°Z°.§'“..?.E1?§°,i.‘2‘§’..Y»3`2i'»$2‘.?Z'..*§J-’§°.;..i§’ .¥1‘.?§"3.`2 223 IDGUIB, 8 PBEM]? le souvenir dc la t'iC!0l1’C de M8l'll18 SUP l68 TGUCOIIS, est, Cll ccztlcinetgzoriei ldllicntsrpeaii? dgendre de penser it J.·.l. Rousseau, et a ses acces d’enthousiasme. Ce n'est pas le seul point de ressemblanoe que l’on pourrait noter entre Vauvenargues et le philosophe de Geneve : M. Emile Chasles a dit avec raison, dans un spirituel et solide travail intitulé lcs Confesaionsde Vauvenarguea: · ll ouvre la carriere au sentiment, a l’inspi- · ration, qui ferent la fortune des écrits de Rousseau. · — {Voir la Revue Con- lemporaine; livraison du 15 janvier 1857.) — G.

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