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CORRESPQNDANCE. 177 cela ne prouve rien contre la force d’esprit; la. raison ne nous est point étrangére; son principe est dans la nature, tout comme celui des passions; c’ en est le fruit le plus lent, . le plus délicat, le plus rare, le plus facile a se corrompre, le plus dillicile a murir; mais c’en est aussi le meilleur, et le plus puissant sur fame, lorsqu’il vient a sa perfection; l’on ne peut le cultiver trop, ni s°en promettre 88882, lors· qu’on le cultive. Ceux qui bornent la nature a des mouve- ments aveugles, n’en connaissent point l’excellence, ni l’in- finie profondeur. Si quelque chose est hors de`la nature, c'est Yerreur et le mensonge; cependant Yerreur meme en est aussi le fruit, quoique tlétri et gate. C’est done s’expli- quer bien mal que de dire que la nature l’emporte sur la raison ‘, puisque la raison fut toujours la production de la nature la plus forte et la plus heureuse; et l’on peut dire encore plus, c’est que la plupart des passions dependent beaucoup de nos vues’, et les affections constantes, sans , reproches et sans remords, des vues droites et raisonna- l hles. ll n’est done pas impossible de noyer et d’eti`acer, dans une vive lumiére, ces ombres et ces fantomes' que suit notre ame trompée dans la nuit de ses erreurs. Si nos pro- pres sentiments n’étaient pas en notre pouvoir ‘, comment pourrions-nous espérer de soumettre les autres hommes, les événements, la fortune, et tout ce qui est hors de nous? ll n’est pas facile de changer son cmur, mais il est encore plus ditlicile de détourner le cours rapide et puissant des choses humaines; c’est donc principalement sur nous que nous devons travailler, et la véritable grandeur se trouve dans

  • Vauvenargues, ici, se réfute lui-meme par avance, car il dirs dans son

livre : • La raison nous trompe plus souvent que la nature • (Maxima 123*); il est vrai que, dans la Maximo i5o•, il prendra un terme moyen: — G. = Autre contradiction : dans son Troité sur ls Libre-arbitre, Vauvenargues sentient, au contraire, que c’est le sentiment et la passion qui déterminent nos was ou ls réjtezion. — G.

  • La vivo tumiérc dont parle Vauvenargues, c’est cello de la raison, de

meme que les ombrcs et tes fantémes sont ceux de la passion. — G. • La contradiction se poursuit : le 7'raité sur tc Libre-Arbure a pour prin- Cipll objet ([8 pl'0llV8l' quc T10! Sdllffllltllh fl! sont pdl ffl notre p0tt!F0if. ·—· G.

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