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CORRESPONDANCE. 175 52. -— VAUVENABGUES A MIRABEAU. A Verdun, ls 3 mars l740. Lorsque je vous ai conseillé de ne pas quitter le service, je croyais, mon cher Mirabeau, qu’il vous était necessaire, et qu’il pourrait, un jour, remplir votre ambition, ou, du moins, l’exercer et Toccuper; mais vous devez vous croire, mieux q�B pGl‘SOD!l6 qllé C6 SOR; VOIIS VOUS MBS COIlSl1lté; vous avez `réiléchi sur votre caractere, et sur votre situa- _ tion; vous avez vu de plus pres que je ne puis voir d’ici; · pour que mon tour vienne, que la faveur cesse de decider A la cour! — • Réplique A cela; quant A moi, je leve lea épaules, et je laisse dire. Trois · vehicules, en un metier aussi penible que celui de la guerre, sont le lucre, • Panimosité, et le desir de consideration: le lucre n’a jamais éte un objet en • France'; je ne hais point lcs autres hommes, voilA pour Panimosite, et la · consideration est absolument tombée, sans pouvoir jamais s'en relever. · Quand on me donnerait Picardie *‘ aujourd’hui, je ne saurais, A moins qu’on · ne voulut tout bouleverser, etre brigadier, de 20 ans d’ici; et que serais-je · alorsi le camarade de deux mille faquins meprises, avec lesquels je ne vou- ¢ drais pas vivre. Les grades militaires sont si 4'urieusement multiplies en • France, et donnes A de telles especes, qu’ila n’ont plus aucune considera- • tion : j’étais, il y a deux mois, A la campagne, chez un lieutenant-general • des armees du Roi, colonel depuis 1702, et homme de merits; un collecteur, • pour quelques droits qu’il ne devait pas, lui envoya dix dragons en garni- · son; il·fut oblige, pour les faire sortir, d’ecrire A l’Intendant! Ces choses- • lA n'etonnent pas, dans ce pays-ci "**. Que puis-je esperer, au milieude tout • cela2 de me faire remarquer A la premiere occasion, en pourfendant des • geants? Ces idees d’actions frappantes sont bonnes A dix-huit ans: qui les < concoit plus tard que cela, est ordinairement un cerveau mal conditionné · par quelque bout, et s°il reussit quelquefois, un courtisan, adroit et ap- · puye, s'en attribue Pbonneur. — Ou est le mal, me diras··tu, de faire un _ · metier que tout le monde fait'! Le préjugé de` son pays eat toujours respec- • table! — Tu déduis le bien; voici le mal : l’on postillone Pete, et l’on va- — lete l’hiver;l’intérieur dans lequel nous devons chercher notre bonbeur****, ¤ est negiige; le cceur et l’esprit en souflrent; l’on passe sa vie, de psssionsen · passions, de désirs en desirs. Je sens combien peu je suis formé, eu egard A ,. ¤ ce que je promettais, ainsi que toi; je n’ai plus de temps A perdre;je veux · en proflter. » (Lettre inédite du marquis ei ron frére le bailli.) ° S'il vivait de nos jours, le marquis serait-il encore de cet avis? — G. °° Nom d'nn des Regiments les plus recherche: alors. - G. "* Elle; etcsscronl moins encore A la {in de ce siecle, dont Yéternel honneur sera d’a- voir conquis Pégalite devant la loi. - G. “°' Si Blirabeau a jamais cherché IA le bonhenr, il nc l'a tronvé, A coup sur, ni pour lni, ni pour les sieus. — G. _