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154 CORRESPONDANCE. l’écurie a l’abreuvoir. Ehcu! fugaccs, Postumc, labuntur ¢nmi' ! Jecom- menoe a le comprendre; les peines viendront, sans nous_consulter; procurons-nous au moins les plaisirs! Adieu, mon cher Vauvenargues; je vais etre dans un mouvement perpétuel; attendez que je vous donne une adresse. Votre lettre est un tissu de raisonnements vrais et nou- veaux : faudra-t-il toujours que mes coulpes * vous arrachent des ou- vragesi Adieu; aimez-moi un peu. n ' h5. — VAUVENARGUES A SAINT-VINCENS. A Verdun, le 10 ortobro 1739. Est—il vrai, mon cber Saint~Vincens, qu’il y ait du sen- timent dans mes paroles, et qu’elles te convainquent de 1non amitiéi Tu sais que je n’ai rien qui me soit plus a cceur; je voudrais qu’elle pot passer tout entiére dans mes lettres, et je n’ai jamais cru que cela fut possible; mais tu veux bien en paraitre content, pour m’0ter cette inquiétude, et je dois a ton amitié ce témoignage délicat. On ne saurait tracer d’image plus sensible que celle que · tu fais d’un` homme agonisant, qui a vécu dans les plaisirs, persuade de leur innocence, par la liberté, la durée, ou la douceur de leur usage, et qui est rappelé, tout d’un coup, aux préjugés de son education, et ramené a la Foi, par le sentiment de sa fin, par la terreur de l’avenir, par le dan- ger de ne pas croire, par les pleurs qui coulent sur lui, et, enfin, par les impressions de tous ceux qui Penvironnent. Comme c’est le cmur qui doute dans la plupart des gens du monde, quand le cmur est converti, tout est fait; il les en- traine; l’esprit [en] suit les mouvements, par coutume et par raison. Je n'ai jamais été contre=; mais il y a des in- crédules dont l’erreur est plus profonde : c’est leur esprit trop curieux qui a gaté leurs sentiments; leur raison s°est I 1 Horace, Odeo, livre ll, ih. -— G. I — * Ce mot.’qu1 a vieilli, vient du latin culpa (faute). — G. _ ' . 5 Voir l’Eloge dc Vauvcnargues, page xxxvr; voir aussi la derniére note K de la Méditation our la Fai. — G.