Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

CORRESPONDANCE. 147 c’est de satisfaire A nos besoins; encore, en éprouvons-nous qu’elle ne veut contenter qu’a des conditions si onereuses, et a l’usage de si peu de gens *, et qui sont pourtant si naturels et si pressants, que le crime de l’enfance ’ le plus ordinaire, et peut-etre le premier, est la transgression de Ia loi ’. Tavouerai ingenument que cette sorte de besoins m’est _ moins connue qu’a personne; mais, quand ma complexion serait plus forte que celle des patriarches, il me serait im- possible de me soumettre a leur joug*; et, s’il est permis de dire ce qu’on pense, il semble qu’il y ait bien de la ma- lignite a faire un devoir d’un plaisir. On ne peut pas nier que toute sujetion n’ait quelque chose de facbeux; celle d’un temperament robuste a bien des inconvenients, quoi- que douce en elle-meme; mais elle est momentanee, elle n’est que pour la jeunesse : n’y a-t·il pas quelque injustice A la rendre indispensable dans tout le cours de la vie, et a l’etendre ainsi au—dela de ses bornes naturelles? N’est-ce , pas lh proprement faire une obligation jusqu’a la mort, d’une necessite qu’on dit qui nous abaisse‘? Ces reilexions font une etrange bigarrure, apres le sermon qui les amene; c’est tm ecart ridicule, je -t’en demande pardon; je me suis jete si loin de ma premiere these, qu’il m’est impossible de m’y

  • Les conditions si onéreuscs, ct ti Pusagc do si psu dc gens, sont, apparem-

ment, celles du mnriage; Vauvenargues a. deja dit, to ce propos, dans la ih' Lettre : • Quoiquc la vie soil courts, elle peut scmblcr bien longue, dans dc certain: engagements. » Ilfmettaitfindépendance au-dessus detout ; dansles Lettses ih', 22*, fill'. 50•, il declare son gout pour elle, et, dans cette demiere, il s’ecriera: · Jc nc vctw point me contraindrc; j’aimcrais micua: rendre me Pit! • -·· G, ¤ Vauvensrgues vent dire de Padolcsccncc. ·—G. T- Il s’•.git, sans doute, de la loi de contincnce. -— G.

  • Toute cette tin de lettre est, au moins, obscure. Il taut croire que le joug

dont il s’agit ici, c’est celui des condilions onércuses du mariage, dont il est question six ligues plus baut; de meme que, deux lignes plus bas, le marisgo est regarde encore comme un joug, puiequ’0n y fait un dcvoir de ce qui ne devrait étre qu’un plaisir. — G.

  • lci encore, Vauvenargues semble combattre le mariage, qui oblige, don:

tout ls cours dc la vic, A des preuves de tendresse dont la jeunesse seule est capable, et qui impose, jusqu’d la mort, une ardeur que la foi chrétieune 0r· donno, tout eu declarant qu’elle nous abaissc. —— G.