Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

142 CORRESPONDANCE. 88. - LE MEME A SAINT-VI N CENS. A Compiiegne, le H juillet I739. Le hasard, mon cher Saint-Vincens, m’a fait rencontrer ici le chevalier de Castellane ‘, qui vient de m’apprendre le sujet de votre long silence et l’extrémité ou vous avez été. ‘ Je croyais avoir a me plaindre de vous, j’attendais impa- tiemment que vous vous justitiassez, et je n’osais plus l’es- perer, ni vous ecrire, de peur qu’il ne fnt arrive quelque meprise, et que mes lettres ne fussent découvertes avec les secrets de notre amitie *. Quelle surprise, mon cher Saint- Vincens, quand j’ai su que je vous faisais une injustice! quelle joie et quelle douleur! tout ce que l’amitie la plus sincere et la plus naturelle peut faire sentir, je l’ai eprouvé J vivement; je vous assure, mon cher Saint-Vincens, que j’ai été penetre. Je ne songe point sans frémir aux dangers que vous avez courus, et, quoique le chcvalier de Castellane m’ait fort assure que vous etes bien retabli, il me reste une inquietude que je ne puis dissiper, et toutes mes réilexions m’attendrissent jusqu’aux larmes. Je vous supplie, mon cher Saint-Vincens, de m’écrire des que vous le pourrez; vous ne sauriez me parler trop de votre maladie, et entrer dans trop de détails; ne m’epargnez aucune circonstance, quelque triste qu’elle soit; il faut que je repasse nécessai- rement sur ces idees aflligeantes, il me serait impossible de les ignorer. Hélas! mon cher Saint-Vincens, je vous accusais dans mon cueur; je demandais e Meyronnet de vos nouvelles; il me disait que vous etiez a Aix, et que vous vous portiez bien, et que M. votre pere avait achete une maison. Quelle tristesse, tout d’un coup, d’apprendre l’etat on vous avez été; quel attendrissement, quelle revolution I Ah ! que cette

  • La maison de Castellano, une des plus anciennes de Provence, et dont

les branches étaient nombreuses, subsiste encore de nos jonn. — G. • Voir la derniere note de la page 119. — G. _