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136 CORRESPONDANCE. inconnue *, mais qui semblait trop diiiicile, et qui demandait trop de génie. Je ne finirais point sur ce chapitre, si je pou- vais dire des choses que vous savez mieux que moi. Mais ou avez-vous pris le temps qu’il faut pour de si grands ou- vrages? Hélas! vous parlez de mon age! dites—moi donc quel est le votre’? Savez-vous que j’aurai 2li ans, au 6 du mois d’aout procbain? Si j’étais ambitieux comme Cesar, je pleurerais comme lui; car vous n’ignorez pas, sans doute, qu’en lisant la vie d’Alexandre, il ne put retenir ses lar- mes; songez, mon cher Mirabeau, qu’i1 n’y a que votre amitié qui puisse arreter les miennes; la possession de votre cosur remplira cette distance qui est si humiliante; elle me justiiiera ma paresse et mes défauts; ne me la ref usez donc pas, et parlez-m’e11 quelquefois. ° Vous pouvez m’écrire ici encore une lettre; je vous aver- tirai de tous mes changements. J ‘aurais souhaité avec pas- sion de vous voir en Provence, cet automne, mais je ne pourrai pas y etre; cette pensée me déplait bien. Je suis toujours pour votre frére comme vous me counaissez. 35. — MIBABEAU A VAUVENABGUES. _ De Bordeaux, eo M juin 1739. Votre lettre m’a attendu, mon cher Vauvenargues. J’ai été, au ré- giment, passer la revue de Pinspecteur, et me voila de retour. Si vous avez toujours pour moi la complaisance d’étendre vos répon- ses, je vous arraclierai A vous-meme, en détail. Travaillez pour le public, car je suis, sur les manuscrits ', comme Alexandre, qui fut faché qu‘Aris- tote cut donné sa philosophic A tant de gens, sans la donner A tout le monde. Si la privation du travail vous faisait vivre dans la dissipation, _¤ En edet, plus do vingt ans auparavant (1718), Voltaire avait donné sa tragédio d’®dipc, dans laquelle, on le sait, l’amour n’a pas de place, ou, du moins, en a si peu, que ee ¤’est pas la peine d’en parler. — G.

  • Voir la 1*• note de la 1** Lettre. —— G. .
  • Mirabeau suppose que Vauvenargues écrit; car ce1ui·ci ne lui a fait an-

cune confidence A cet égard. -- G. I