Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

cependant, il va dans le monde, et il y a une contenance. S’il y avait quelque chose à désirer pour lui, ce serait de la douceur et un peu de souplesse; mais ce n°est qu’une conjecture, que je forme sur son air.

30. — MIRABEAU A VAUVENARGUES.

De Bordeaux, ee 9.4 avril 1739.

Je n’ai rien regu, mon cher Yauvenargues, de plus sense et de plus frappant que, votre lettre; quelqu’un qui pense et s’exprime comme cela n’est pas pardonnable de n’avoir aucune ambition. Je sais que votre pen de disposition. et de santé ne vous permet pas de oourir oe que quelqu’un comme vous doit appeler fortune; maisg quelle cs-trriere d’agréments ne vous ouvrent pas vos talents dans ce qu’0n appelle la Républiquc des lettres .’ Si vous pouviez connattre combien de plaisirs . ditiérents nous procure ·une reputation établie dans ce genre! GB n’est plus le temps ou un homme de qualité rougit des talents que lui peut disputer un nomme de rien; je doute meme qu’il ait jamais ete que pour les sots; et, sans entrer dans les details, l’Academie frangaise n’est composée presque que de gens du bon ordre, et sous le nom desquels il a paru plusieurs ouvrages. Vous croirez que fen parle en homme interessé, ‘quand je vous aurai dit que je suis pret it etre dans le cas; mais non; je me suis dit ces choses-la a moi-meme, avant que de prendre ma resolution. Sans avoir une reputation faite que par mes amis, et encore dans un tres·petit cercle, je puis vous dire combien cela a de commodités: premierement, celle de ne parler que quand on veut, sans que l'amour-propre vous presse de briller : c’est un` tcl, qui a fait telle chose; cela suffit ! grand motif pour la paresse t Outre cela, les savants et les gens in talent font une espece de république a part; faites-vous-y connaltre, tout est fait; votre nom seul les réveille tous; iis se renvoient et se recommandent l’hom me, de l’un oa Paulre; partoutest votre patrie ; vous les rassemblez, et its vous rendent bien les agrements que vous leur procurez. Peut-etre ne fais-je qu’atl‘ermir ici, chezvous, une resolution prise; il m’en est meme transpire quelque chose’, mais j‘en demande l’aveu a votre amitié. N‘al1ez point me dire qu’il est des choses que l’on ne peut coniier

¤ Vauvenargues n’avais pas atom de resolution prin, et sea mea se tournaieut plutot du cote de la diplomatic; cependant, il en est meme tranepiré quelque chose d Mirabcau, depuis long-temps deja, dana aes luisirs de garnison, non seulement il relisait assidument quelques livree préferés, mais il s’exerçait k