Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

U6 C0liRESPON.DANCE. 25. .... VAUVENARGUES A SAINT-ViNCENS ¤.· A Paris, le 19 mars 1739. Je suis arrive ici, mon cher Saint-Vincens, depuis trois jours;·je suis accable de petits soins, je pars demain, je ne puis t’écrire que deux mote; mais, des que je serai e ‘Arras, je te donnerai de mes nouvelles aussi prolixement que je voudrai; je me reposerai en t’écrivant, je me delas· serai, je me satisferai. Presentement, je ne suis pas eu état, ni en puissance de t‘écrire; je suis chez un homme malade, qui meurt d’envie de se coucher, et qui me presse extreme- ment. Je te prie, mon clier Saint-Vincens, de t’adresser‘e M. Bose, trésorier des troupes, pour m’envoyer l’argent que tu me destines; il te refusera peut-etre, mais fais-lui quelques instances, dis-lui qu’il t’obligera et moi aussi, et engage-le au secret, sans lui dire ce que c’est que cet ar- gent ’. S’il ne veut pas me faire toucher toute la somme, . ¤ Jules·Francbis·PaulFauris,seigneur de Saint-Vincens,de Noyers, de Saint- Clemcnt, ctc., ne le 21 juillet 1718, mort le -23 octobre 1798; fils d’un conseiller a la cour des Comptes de Provence, il devint conseiller, puis president it mor- tier au.Parlement de la meme province; Antiquaire savant, il avait formé, A nix, le plus beau cabinet _qui existat de son temps; il etait associé·corres- _ — _ pendant de l’Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, A laquelle il adressa plusieurs Mémoires sur les antiqnltes de la Provence. En 1777, il tit élever, A ses frais, un monument A Peiresc, dans l’eglise des Dominicains, aujourd'hui de la Madeleine, A Aix. Il a fourni de precieux documents A Papon, pour son Histoire de Provence, et, dans son Voyage dans les départcmrnls du midide la Frame, Millin rend hommage A la memoirs de cet homme, digne, en eifet, d’etre l’a¤ri et le confident de Vauvenargues. —— G. • Des cette premiere lettre A Saint-Vincens, nous sommes au`l‘ait d’un des principaux embarras de la vie de Vauveuargues. On salt combien, sous l’an· cienne monarchie, le service militaire etait ouereux pour lee gentilshommu; or, Vauvenargues, dans le regiment du Roi, etait pauvre, an moins relative- ment, et, en meme temps, nous l’avons vu (Réliexions sur divers saqids, et Maximes), liberal, presque prodigne, par principes; outre les charges de son etat, il avait le gout des voyages, des grandes villes, des thettres, et nous ver- rons, dans les lettres suivantes, A quels expedients il en etait reduit, pour suflire a de telles occasions de dépense. Aussi, comme nous avons eu lieu de le remarquer deje. (voir la derniere note du 60• Caraclére), est-il mort dans un etat voisin de la misere, tantot prenant son parti de sa detresse : • Qu’im- . ports A un homme ambitieux, qui a perdu sa fortune sans retonr, de mon- ·· rir plus pauvre? • (Maximo 582*) ; tantot deeesperé de laisser A la charge de