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‘ _ 1 tI0 CORRESPONDANCE. le dessein de la faire bien longue. Je vous dirai encore un mot de M. de Villars: il s’est declare bautement pour ma- dame de Beaurecueil *; il en est aux petits soins; mais, a parler francbement, je crains pour lui a la premiere occasion, car je crois qu’il est brave, jusqu’au dégainer =. Vous comprenez ma pensée; ne me faites pas dire plus que je ne veux ; je n’ai en vue que les defauts de son temperament. Vous sa- vez le sejour qu’il a fait a Marseille : on le recut a l’Acade· mie; il harangua; il aime a paraitre en public. Sa depeuse est excessive. Pour ses facons, nous nous en accomtnodonsg on le prie a souper dans les maisons qui representent; c’est ` le bon air, et on lui fait plaisir. On dit qu’il déclame, dans tous ces soupers, jusqu’a extinction de voix '; cela me rappelle le voyage de Néron en Grece, lorsqu’il montait surle theatre, et qu’il prodiguait sa voix et les tresors de l’empire; mais ° ce prince etait cruel, et M. de Villars ne l’a jamais ete; ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse peuvent en rendre temoi- guage. S' il me restait plus de papier, et qu’ilf1it moins pro- vincial de parler sans mesure de M. le Gouverneur, je vous dirais encore milie choses; ce sera pour une autre fois. Vous n’aurez ma lettre que dans la nouvelle annee, qui sera mar- quee par vos succes et les plaisirs les plus vifs, si la for- tune avoueles sentiments que j’ai pour vous, et justifie mes pronostics. 22. -— LE MEME AU MEME. A'Aix, le $3 janvier I739. Je souffrais, mon cher Mirabeau, de n’avoir point de vos nouvelles; mon amitié en murmurait; car vous elses exact

  • Femme de Laugier de Beaurecueil, conseiller au Parlement. — G.

=¤ Voir la 1r• note de la page 105. — G. ‘ 5 La correspondence de Voltaire nous apprend que le duc de Villars avait la ‘ pretention, assez mal fondée d’ai!leurs, de bien déclamer, et qu’iljoua meme, sur le petit theatre des Délires, le role de Gengiskhan, dans I’0rphc!in de la Chirac. (Voir la Iettre de Voltaire, datee du 1*' octobre 1760, a M"'¤ d’Argcntal.)C’était, du reste, un gout de famille; car son pere, le maréchal, savait par rmur ct aimait a réciter les plus bclles tiradcs de Corneille, de Racine et de Moliere.-G. I I