Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

CORRESPONDANCE. 105 occupé que de M. de Villars‘, et des plaisirs qu’il promet cet hiver. Il fut regu avec de grandes demonstrations de joie; on lui prodigua les louanges : des moines lui dirent hardiment qu’il marchait sur les traces de son pére, qu’il surpasserait sa gloire, qu’il serait maréchal avant sou rang, et autres choses semblables. Pépin fut le voir dans son lit, Pépin qui serait le rival des femmes d’Aix, s’il n’avait pas de la barbe; il lui dit qu’il venait lui faire sa cour en par- ticulier; il lui demands une grace : il était charmé de sa . frisure; il le supplia de lui preter un valet de chambre, le sieu xfayant point cet art pour arranger les cheveux; Pépin se serait fait raser s’il n’avait pu l’obtenir; il avait été un jour entier A sa toilette, et il n’avait pu réussir, etc., etc. M. de Villars prévint son désespoir; il lui promit de lui préter son valet de chambre. Pépin, au comble de ses vceux, avoue qu’il est penétré d’une si grande bonté, il sort, tout hors de lui-meme, et va dire A tout le monde qu’il sera, cet hiver, favori de ce duc, et vous savez qu’il vaut mieux étre _ son favori, que sa maitresse’. Cependant, M. de Vence ' a tout pouvoir sur son esprit; mais Pepin lui disputera son cozur; il l’a suivi A Ma1·seille. M. de Villars demandait ou se tenait l’Académie : un Marseillais répondit que c’était au

  • Honoré-Armand, duc de Villars, iils du oélébre manéchal, succéda A son

pére dans le gouvernement de Provence; il mourut A quelques lieues d’Aix, su chateau des Aygalades, le 27 avril 1770, Iaissant une réputation équivoque. · ll manquait, dit-on, de bravoure, et ses mmurs étaient, au moins, suspectes : • ll était taxé, dit Baehaumout (Mémoires secrets de la République des Lettres, ¤ tome 5, page 108), d’un vice qu’il avait mis A la mode Ala cour, et qui lui · avsit vslu une renommée sssezétendue. » Dans le poeme de la Pucelle, Voltaire fait allusion A ce bruit généralement accrédité (Ed. Beuchot, tome 11, page A18). On lui reprochait aussi d’avoir apporté et répandu, dans son gouvernement, la passion du jeu. Eniin, voici son oraison funebre, dans une lettre inédite du bailli de Mirabeau su marquis : • M. de Villars est mort vendredi passe. Son existence • avsit perdu les mmurs, et ruiné, par le jeu le plus effréné, cette province, · quece memejeu svait peuplée de fripons. Sa charogne exciterait une sédition, ·¤ si le nerfn’était pas coupé chez les Provencaux, comme chez les autres.• —G.

  • Pour Pexplication de cette plaisanterie, voir la note précédente. — G.
  • Alexandre-Gaspard de Villeneuve, marquis de Vence, msrié, en 1723, a

Madeleine·Sophie de Simiane. Sa tllle, comme nous le verrons dans la suite de cette Correspondance, épousa Jules Fauris de Saint-Vincens, ami de Votive- nargues. —— G.