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u AVERTISSEMENT ll est des secrets de sa vie que Vauvcnargues a toujours réservés, meme en écrivant e ses plus chers amis; de le vient que cette vie si toucbante est si pen comme : ainsi Voltaire nous apprend que Vauve- nargues est mort en heros, mais sous que persorme en atl rien su; il a été dévoré de cette ambition ardeate, qui exile les plaisirs des la jeu- nease, pour gouverner seule; ses gotlts, toujours au-dessus de sa for- tune, Pont toujours tenu dans Ia gene, et quelquefois dans la misere : dans les écrits qu’il a donnés ou qu‘il destinait au public, on soupconne plutot ces douleurs, qu’on ne les apercoit; mais sa Correspondence change le soupcon en certitude. Quelles que fussent la constance et la discretion de Vauvenargues, les coups dont la fortune le frappe sont si répétés, les blessures qu’e|le lui fait sont si cruelles, que, parfois, la chair cede, et que le cri s’échappe. Les Lettres b Saint- Vincens éclaireront un des points inconuus de la vie de Vauvenargues, je veux dire sa lutte contre la pauvreté; mais l’attention s’arretera, de preference, sur la Correspondence avec Mira- beau, que M. Gabriel Lucas-Montigny a recemment découverte, au chateau de Mirabeau meme, et mise e ma disposition. Les lecteurs les plus indifférents ne se sentiront pas moins obliges que moi envers M. Lucas-Montigny, et lui sauront gré du service qu’il a rendu aux lettres, en recueillant ces pages remarquables, et en me mettanl e meme de les publier '. Les Iacunes de cette Correspondence sont, heureusement, peu consi- dérables, et la suite,n’en est pas sensiblement rompue. Elle se com- ·pose de cinquante—neul’ lettres : toutes sont intéressantes, et quelques- unes, par leur sujet aussi bien que par leur étendue, sont de petits traites philosophiques. Les deux correspondents ont le meme Age, vingt-deux ans; meme instruction, moins variée peut-etre dans Vau- venargues, mais aussi moins disséminée, et plus forte sur les objets qu‘elle a touches; enfin, meme passion pour la gloire, bien qu‘ils l’ex- priment, comme ils la sentent, d’une maniere dill`erente : long-temps dissimulée chez |`un, elle s`étale complaisamment chez l’autre. Inconnus encore, ils se montrent tels qu’iIs sont; ils sont vrais tous deux, parcc que l’un, Vauvenargues, n`a jamais cessé de l’etre, et parce que l‘eu- tre, Mirabeau, n‘a point encore de personnage pris qu’iI faille soutenir.

  • M. Lucas·Montigny les avait transcrites de sa main, dans le dessein de

les publier lui·meme; il nvait meme commence at y joindre des notes que j’ei 00llS0l'Vé88 pl'é¢j6l180ID8Ill, GE qui! l°0l'l LPOUVEPB BOIIS SOR DOID. Les 3l‘ChiV(?5 du chateau de Mirabeau contiennent d’autres richcsses encore, par exemple, la correspondence entre le marquis de Mirabeau et son frere lo Bailli. La publi- cation de cette correspondence serait véritnblement un événement littéraire, et il serait A désirer quo M. G. Lucas-Montigny, continuant Pmuvre de son pere, se cliargeztt d’un soin dont personne ne s’acquitterait aussi bien que lui.