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E l COBRESPONDANCIL 99 12. — LE MEME AU MEME. Do Paris, ce 20 mai 1738. ll me semble, mon cher Vauvenargues, que je vous dois une re- ponse. J°ai été a la campagne; ajoutoz a cola les différents mouve- ments d’un homme battu do l’oiseau do tous cotés, et vous convien- drez que cola doit bien faire pardonnor un pen do manque d’exactitnde. J°ai vu M. votre pere, chez lui: il paratt bien tranquille, et il est joli- inout logé, mais dans un quartier triste; je lui ai otfort de venir dans lo mion, car je ne suis pas ou vous m’adressoz vos lettres, et de lui . donnor la des sociétés qui lui conviendraient, et ou je vou mettrais, si vous veniez dans ce pays-ci, comme il m’a dit que cela pourrait bien etro. Vous me domandez mes dessoins; mon cher, en voici le résultat: j‘épouse M"' de Nesle, l`alnéo do celles qui sont a marier. Elle est en- core au convent, n‘ayant jamais voulu en sortir, pour aller ni chez M"do Lesdiguieros, ni chez M"' de Mazarin; on la dit du meilleur caractere du monde. La différenco d’elle a sos sozurs est bien grande, on ce quo, si M"' de Durfort, onfant do trois ans, venait a mourir, elle hériterait des biens do la maison do Mazarin; d‘ailleurs, M"' do Mailly, sa sozur, qui, comme vous savez, est la sultane favorite ', déteste ses autres sozurs, parce qu’eIles dependent do M"' de Mazarin, avec qui ello est a coutoau tiré, pour des tracasseries de cour, et le Roi suit les memes impressions. La sultane n’aimo donc que cello-ci, d’ailleurs alliée A toute la cour qui s‘en fait honneur, cousine de M. de Maure- pas, et de M. do Saint-Florentin *; de plus, elle viendrait en province. Tout cela, dans l’idée ou je suis d‘aller, m’a déterminé do co dité-la, plutot que de celui dos grands biens, qui m’obligeraient tout d’un coup a lever maison ici, et qui, dans deux générations, seraient partagés entre tous les cadets. No parloz pas do cola, mon chor, jusqu’a ce qu‘il soit public. Adieu; aimez·moi un pen.

  • Louise-Julie, comtesso de Mailly·Nesle, née le 16 mars 1710, morte le ·

30 mars 1751. Elle étoit smut- alnée do Mesdames do Vintimille, de Laura- gusis, et de ls Touruello, depuis duchesso de Chatoauroux, qui, comme elle, furent successivoment mattresses do Louis XV. Cette lettre de Mirubeou fait remonter, su moins ]usqu’oux premiers mois de 1738, le rogue de cette favo- rite, que Beucliot, dans son édition de Voltaire, 1'€m6t, u tort, au milieu de l'année smivante. — G.

  • ' Je¢m·Frédéric Phelypeaux, comto do Mauropas, ministre sous Louis XV,

et sous Louis XVI; Louis Phelypeaux, comtc do Saint·Florentin, puis duc de La Vrilliere, ministre sous Louis XV. — G. 1 t