Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

88 CORRESPONDANCE. mais cel: ne durera pas. Voila pourtant une lettre que je recois d’une ancienne mattresse, qui m’avait assujefti aux malheurs de Pabsence, sur _ laquelle j’avais pris mon parti, et que je n’ai pas approchee, depuis, de plus de 50 lieues: ` a Je n`ose vous appeler, Monsieur, de ces noms tendres qui nous ee servaient autrefois; ils ne sont plus faits pour moi; j‘ai fait, pour les << perdre, tout ce que je voudrais faire, a present, pour les _ravoir. ‘ ca J`aurais tort de ne pas connattre votre caractere, et qu‘il n’y a plus tt de retour avec vous. Vous me l'avez dit assez souvent; je n‘y ai pas- ¤ pense quand il le fallait; j’ai laisse preudre a mes etourderies la cou- a leur des crimes; n’en parlons plus. Vous n’etiez plus pour moi qu’un a songe agreable, lorsque le bruit du malheur qui vous est arrive m’a it attendrie '; les larmes auxquelles je n’ai voulu faire nulle attention, it quand vous m’avez voulu persuader que je Iles causais, m’ont frap- it pee, sans savoir meme si vous en avez verse, dans une occasion a dont on se console, quelquefois, plus aisement que de la perte d’une it mattresse. Que vous dirai-je? j`ai cru qu?un compliment de ma part, a sur un sujet pour lequel tout le monde vous en fait, ne pourrait it vous choquer. Je l’ai fait, et le voila. Adieu, Monsieur. Oserai-lje it vous demander un peu d‘amitie? » Réponsc : _ Mademoiselle, ' · ` ` J’ai lfhonneur d’etre, avec un tres profond respect, · Mademoiselle, Votre tres-humble et tres-obeissant serviteur·*. Adiéu, mon cher Vauvenargues, aimez-moi un peu. complaisant envers lui-meme. • Ses lettres familieres, dit Lucas»Moutigny ¤ (Mémoircs de Mirabeau, vol. 1**, page 21§),`t0uj0t1rs remarquablcs par un a naturel abundant et facile, par une aisance spirituelle et gaie,_forme¤t a le plus inexplicable des contrastes avec ses écrits, dans lesquels le fond it toujours tres-sense des idees, est decredite par la couleur particuliere de son a style obscur, pesant, et baroque, mélange do tnopes bizarres, d’incoberentes 4 metaphores, eu un mot, il faut le dire, de galimatias intolerable. » Les let- tres a Vauvcnargues vont. justifler, A la fois, cet eloge Gt ce blame : on y dé- melera aisement. les incohérenccs, les bizarreries, aussi bien que lajactance de Pécrivain futur; mais on y reconnaltra, en meme temps., un tour original, un vit` esprit, et. tout le feu du breilot dc vingt am. -¤ G. . • Le malheur dont il s’agit, c’est la mort du marquis Jean-Antoine, arrivée le 27 mai 1737. — _G. , .

  • On peut rapprocher ceci d’un passage des Memoires du comte de·Bussy·