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CORRESPONDANCE ’ . 1. — LE MARQUIS DE MIRABEAU ‘ AU MARQUIS DE - . `VAUVENARGUES. (Du clultevt de Mirabeau.) -— Juillet 1737. ..... Des quelites ordinairement separees, et toujours recherchees, se joignent en vous; jugez des sentiments qu’elles y attirent. A la beaute pres, je.ne saurais rien dire de plus d‘une maltresse qui m’aurait fait perdre le bon sens. .l’y trouve une entre difference : c`est que IA, je mentireis, et qu‘ici je dis vrai; mais vous me ilattez, cela suliit pour m’ar- reter sur voslouanges; et puis, je ne fais point une épltre dedicatoire. La confidence de mes amours et de mes plaisirs ne seurait tout au plus regarder que le passe. Je suis un demi-anachorete, A present;

  • Victor de Riqueti, marquis de Mirabeau, était cousin de Vauvenargues.

Ne A Perthuis, en Provence, le 5 octobre 1715; chevaller de Malte, le 1** sep- tembre 1718; enseigne A l’Age de 1h ans, il devint capitaine de grensdiers au · Regiment de Duras, dont son pere, le marquis Jean-Antoine, avait eee co- lonel. Apres avoir fait, avec Vauvenargues, la ennnpilme de Baviere (17li1·h2), il donne sa démissien le 7 mm 17Ii3, et, le 21 avril suivant, epouse Marie- . Genevieve de Vassan. Des-lors, il s’occupe exclusivement de littérature, d’é- conomie politique, et d’experiences agricoles. En 17l•0, il avait achete le terre du Bignon, A six lieues de Sens, et, deux ans apres, un hotel A Paris, alin cl°y suivre ses projets philosophiques et litteraires. En 1757, il se separe dc sa femme avec eclat, et vit publiquement avec M"' de Pailly, qui ne fut pas etrangére aux proces scandaleux du marquis avec sa femme, et A ses demeles avec son tils, le célebre orateur. Cependant, le marquis redigeait de nombreux ecrits philanthropiques, entre autres_l’Ami des Hommcs, et la Théoric de l’Imp6t; A Poccasion de ce dernier ouvrage (1760), il est empri- tonne, pendant cinq jours, A la Bastille, puis exile, pendant deux mois, au Bignon. Il meurt A Argenteuil, le 13 juillet 1789, la veille meme du jour on la prise de la Bastille ouvrait déflnitivement A son tlls la carriers revolution- naire. Le marquis de Mirabeau ecrivait sans cesse; des l’année 1735, il redi- geait des Mémoires particuliers, et, sans parler de ses nombreux manu- writs, il aa publié environ trente volumes, dont plus de moitie in-ti". ¤ A · · trois ans, dit-il lui-meme, je prechais; A six, ]‘etais un prodige; A douze, ·¤ un objet d‘espoir; Avingt, un brulot; A trente, un politique de théorie; A · quarante, je ne suis plus qu’un bon homme. » (Lcltre inédite ci la comtcssc de Rochefort, du 27 déeembre 1756;) Cedernier mot est, an moins, contestahle; et si, dans Pappreciation de sn vie et de son carectere, les biographes sont géuéralement trop severes, le merquis est ici, comme il lc tut toujours, trop