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SATYRES

En toyse trouue à peine vn homme bien fidelle,
Qui garde vne amitié sans trompeuse cautelle !
Car plusieurs vont vendant, par desseins tous vtils,
Tous les plaijirs qu’ils font à grands a. à petits,
Et non pour leur aider : s’ils le font, c’ejl en forte
Que cette aide à propos grand profit leur aporte :
Ils designent l’endroit, & quand, & bien à point,
Pour venir à bon port les naux ne faudront point,
Comme vne marchandise au deuant attendue,
Doit bien tofl du Bresil au Havre eflre rendue.
Mais tant plus l’amitié noire en France ie voy,
Plus blanche elle me semble e, plus luisante en toy :
Deforte qu’à iamais vne longue memoire
En tes amis fuiura ton eternelle gloire.
Par effeâ i’ay connu que, pour les gents de bien
Iamais ne flechira ton cœur gentil en rien,
Que iamais auec toy les bons n’auront de noise,
D’autant que tu es plein d’amour douce F courtoise :
Les mauuais au contraire, ils s’entrehanteront,
Mais contre leurs amis tousiours attenteront.
Pour ce qu’à tous propos ils s’entrefont dommage,
Ils s’entrefont iniure, ils s’entrefont outrage :
Or il efl tout certain que celuy quifait tort,
Qui le reçoit aussi, ne peut aimer bien fort.
Qui le refoit au
Mais la vraye amitié de noflre ami Desportes,
Celle de du Perron, celle que tu me portes,
A iamais durera : Car elle a son apuy
Sur toute la bonté qui nous rejle auiourdhuy.
C’ejl pourquoy tes vertus vn miracle aparoiffent
En la Court de nos rois ou tant de vices croissent,