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Ou le sommeil glissant fait errer quelque fois.
La douce Poësie est comme la peinture,
Que belle on trouuera bien prise en sa nature :
Car Tvne de plus pres, plus belle semblera,
Et Tautre de plus loin dauantage plaira, 650
L’vne se voudra voir dans vne sale obscure,
Et l’autre au iour plus clair d’vne pleine ouuerture,
L’vne en iour se deuise ou par ombragements,
Et l’autre a de couleurs mile deiettemenls :
Qui d’vn iuge ne craint la plus subtile veue : 655
L’vne contentera si tost qu’on l’aura veue.
Et l’autre d’autant plus qu’on reuisitera
Ses beaus traits, d’autant plus elle contentera.
Comme le voyageur qui d’vn beau lac aproche,
En son bord se va mettre au coupeau d’vne roche^ 660
Là demeurant longtemps oisif en son repos,
Il n’a rien pour obiect que les vents et les flots :
Toutesfois les forests dedans l’onde vitrée
Montrent de cent couleurs leur robe diaprée :
Et l’ombre des maisons, des tours et des Chasteaux 665
Cette eau luy représente au cristal de ses eaux ;
Il sesiouit de voir que Tonde luy raporte
Par vn double plaisir ces forests en la sorte :
Tout ainsi le Poëte en ses vers rauira
Par diuers passetemps celuy qui les lira, 670
Emerueillé de voir tant de choses si belles,

. sqq. Cf. Hor., Ep. aux P., 361-365. . Le texte porte cette ponctuation après dejettements. . Cf. Vida, ^r^ ;)oé^, m, 64 sqq.