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Jusqu’à tant que Thiard (1)[1] épris de Pasithee
L’eut chanté d’vne mode alors inusitée,
Quand Scène par dixains en ses vers Deliens
Voulut auoir l’honneur sur les Italiens,
Quand desia Saingilais (2)[2], et doux et populaire
Refaisant des premiers le Sonnet tout vulgaire,
En Court en eut l’honneur : quand bien tost du Bellay
Son OUiue chantant l’eut du tout r’appelé :
Et que Ronsard bruslant de l’amour de Cassandre
Par dessus le Toscan se sceut bien faire entendre :
Et Baïf dudepuis (Meline en ses ébats
N’ayant gaigné le prix des amoureux combats)
Ces Sonnets repillant, d’vn plus hardi courage,
Et changeant son amour, et changeant son langage
Chanta de sa Francine au parangon de tous.
Faisant nostre vulgaire et plus bas et plus dous.
Puis Ronsard reprenant du Sonnet la mesure
Fist nostre langue aussi n’estre plus tant obscure
Et deslors à l’enui fut des François repris
L’interest du vieux sort, que l’Itale auoit pris.
Et du Bellay quitant cette amoureuse flame,
Premier fist le Sonnet sentir son Epigrame :

  1. (1) Ce poëte-mathématicien-philosophe-évèque du 16e siècle a son nom ainsi orthographié sur le titre des Discours philosophiques. Paris, 1587, in-8 : Pontus de Tyard. L’orthographe de sa signature est identique.
  2. (2) Mellin de Saint-Gelais. — Vauquelin aura écrit ce nom comme il le prononçait, en vrai Normand qu’il était. On dit encore en Normandie, liger pour léger, etc.