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A, romaine, imité Callimaque et Philœtte :
Puis Ouide et Properce, et Gallus le vieillart,
Dont tu peux emprunter les règles de cet Art.
Mais ta Muse ue soit iamais embesongnee
Qu’aux vers dont la façon ici t’est enseignée
Et des vieux chants Royaux décharge le fardeau ;
Oste moy la Ballade, oste moy le Rondeau.
Les Sonnets amoureux des Tançons Prouençalles
Succédèrent depuis aux marches inegalles
Dont marche l’Elégie : alors des Trobadours
Fut la Rime trouuee en chantant leurs amours :
Et quand leurs vers Rimez ils mirent en estime,
Ils sonnoient, ils chantoient, ils balloienl sous leur Rime ;
Du Son se fisl Sonnet, du Chant se fist Chanson,
Et du Bal la Ballade, en diuerse façon :
Ces Trouuerres alloient par toutes les Prouinces
Sonner, chanter, danser leurs Rimes chez les Princes.
Des Grecs et des Romains cet Art renouuelé.
Aux François les premiers ainsi fut reuelé.
A leur exemple prist le bien disant Pétrarque
De leurs graues Sotmets l’ancienne remarque :
En récompense il fait mémoire de Rembaud,
De Fouques, de Remon, de Hugues et d’Aarnaud.
Mais il marcha si bien par cette vieille trace,
Qu’il orna le Sonnet de sa première grâce :
Tant que l’Italien est estimé l’autheur
De ce dont le François est premier inuenteur.