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Au contraire de ceux qui les dieux inuoquants,
Faisoienl à leur honneur des Hymnes vénérables,
Ou celebroient des bons les bontez fauorables :
De Nature ils estoient poussez à cet effet :
Nul ne pensoit à l’Art qui depuis s’en est fait :
Mais l’vsage fist l’Art ; l’Art par apprentissage
Renouuelle, embellit, règle et maintient l’vsage ;
Et ce bel Art nous sert d’escalier pour monter
A Dieu, quand du nectar nous desirons gouster.
Le Nombre, et la Musique en leur douce Harmonie,
Sont quasi comme l’ame en la sainte manie
De tout genre de vers, de qui faut emprunter
Le sucre et la douceur pour les faire gouster.
Bien que la vigne soit aussi belle, aussi viue
Qu’aucun autre arbrisseau qu’vn laboureur cultiue.
Il la faut toutesfois appuyer d’échalas,
Ou quelque arbre à plaisir luy bailler pour soûlas :
Ainsi des autres Arts il faudra qu’on appuyé
La Poésie, afin qu’elle en bas ne s’ennuye :
Le Lierre en la sorte en forme de serpent.
Sans son grand artifice en bas iroit rampant :
Aux arbres il s’attache, industrieux il grimpe
Par son trauail, plus haut que le coupeau d’Olimpe :
H grauit conlremont sur les antiques murs,
Il s’eleue collé dessus les chesnes durs,
Et sa force si bien haussant il etançonne.
Que plus ferme est son pied qu’vne ferme coulonne.