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Et hors de son iardin, dépit le chassera.
Ainsi quand le grand Dieu, iardinier de la terre,
Nous void marcher hautains au monde son parterre,
Hors de ses chemins droits, les espalliers brisant.
Les berceaus et les fleurs de son iardin plaisant.
Il nous chasse dehors : il luy déplaist que l’homme
Retenté de nouueau regouste de la pomme :
Sa loy, ses mandemens, sentiers de la cité.
Sont chemins où l’on peut marcher en seureté.
SIRE, pareillement si quelcun plein d’audace.
Malin, outrecuidé, vos Edicts outrepasse.
De vos grands Parlemens le seuere pouuoir
Le fait bien tost ranger à son humble deuoir.
Vostre image parlant en vos licts de iustice,
Fait de vostre Royaume obseruer la police.
Et vostre bras vangeur poursuit de toutes pars
Ceux qui vous irritant veulent irriter Mars.
Les Edicts de nos Roys, vos iustes ordonnances,
Doiuent à vos suiets seruir de souuenances
Du trac, dont on ne doit iamais se détraquer,
Qui ne veut le couroux du prince prouoquer.
De mesme en tous les arts formez par la Nature,
Sans art il ne faut point marcher à l’auenture :
Autrement Apollon ne guidant point nos pas ;
Monter au double mont ne nous souffriroit pas ;
Les chemins sont tracez ; qui veut par autre voye
Regaigner les douants, bien souuent se fouruoye :