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C’est mal. Copier n’est pas un crime ; Molière l’a péremptoirement démontré ; mais il est injuste de ne pas faire acte de reconnaissance envers les tiers dont on a obtenu des services.

L’illustre Académicien Auger n’a, selon toute apparence, rien lu de Vauquelin, mais, du moins, il en parle. Il résume ainsi notre poète : « La poésie de La Fresnaye a presque tous les vices du temps, et ils n’y sont point rachetés par le mérite des pensées ou des images. Son style, sans force et sans élévation, est encore défiguré par beaucoup d’expressions provinciales. »

Avant de juger Vauquelin, Auger eût dû lire au moins les extraits qu’avaient donné de ses œuvres les Annales Poétiques de 1779. Il eût dû méditer un moment la Notice qui précède ces extraits. Il eût vu que Vauquelin « avoit bien moins de réputation que de talent, » dit la Notice. Il n’eût pas assigné à Vauquelin un caractère qui se trouve littéralement tout l’opposé du sien.

Depuis quelques années, Vauquelin a été suffisamment vengé. M. Sainte-Beuve, qui a réhabilité tant de vrais grands hommes, a aussi réhabilité Vauquelin. Dès 1828, il écrivait : « Vauquelin de la Fresnaye, écrivain instruit et laborieux, doué d’un goût sain et d’une verve tempérée, prit à tâche de suivre Horace pas à pas, et, après avoir rimé un Art poétique, qui est curieux encore aujourd’hui par plusieurs détails d’histoire littéraire, il composa, à l’instar de son modèle, un assez grand nombre de satires ou épitres morales,