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per à la nage, disparut au moment où elle poussait le cri de Vive Bonaparte ! Pendant quelques instants on put voir sa main s’agiter au-dessus de l’eau, comme si elle eut voulu achever par signes le cri déjà commencé. Cette fureur de meurtre s’étendit bientôt jusque sur les passants ; tout individu signalé comme bonapartiste était immédiatement assailli et frappé. Le matin du 26, les ruisseaux des rues étaient rouges de sang. Les pillages, non les crimes, effrayèrent enfin la bourgeoisie tremblants pour leurs maisons, leurs magasins et leurs boutiques, la plupart des propriétaires, des négociants et des petits marchands prirent les armes dans les premières heures de cette seconde journée, et marchèrent contre les pillards il fallut lutter pour faire lâcher prise à ceux-ci ; le soir, le calme était à peu près rétabli du moins on ne pillait plus. — Marseille venait de donner le signal des massacres ; les principales villes du Midi allaient y répondre ; et bientôt, au milieu de l’ancienne cité des papes, devait tomber le maréchal d’Empire que le général Verdier et la garnison de Marseille étaient allés rejoindre à Toulon.

Quand Napoléon, après la capitulation du duc d’Angoulême au Pont-Saint-Esprit, voulut envoyer dans le Midi un homme de tête et de cœur qui pût, avec un très-petit nombre de soldats, maintenir dans la soumission les ardentes populations encore agitées par la dernière tentative de guerre civile, il hésita entre les quatre ou cinq maréchaux ralliés à sa cause. « Écrivez au maréchal Brune, dit-il enfin ; c’est un homme sur qui je peux compter ; c’est une âme forte ! » Dédaigneux des sollicitations et indifférent aux faveurs qui en sont habituellement le prix, Brune était, de tous les maréchaux, celui que l’on voyait le plus rarement aux Tuileries. Doué de toutes les qualités qui font l’homme de guerre de premier ordre, diplomate distingué autant que bon administrateur, nul n’avait rendu de plus signalés services à la France mais, caractère modeste et fier tout à la fois, esprit studieux et intelligence cultivée, il n’avait ni cet amour du bruit, ni ces défauts brillants qui frap-