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tillerie et d’un nombre assez considérable d’officiers à demi-solde, braves et dévoués. Ces forces étaient suffisantes pour contenir l’émeute il n’était besoin que de lui tenir tête, de ne point paraître la redouter ; mais, soit crainte de se commettre dans un changement politique que rendait probable l’abdication de l’Empereur, dont la nouvelle lui était arrivée le matin et qui pouvait avoir le retour des Bourbons pour dernier mot, soit manque de sang-froid et d’énergie, le général Verdier prit un parti malheureux abandonnant les deux torts qui commandent Marseille, il donna aux troupes l’ordre d’évacuer cette ville et de se retirer sur Toulon, quartier généra ! du maréchal Brune. La retraite eut lieu le soir même, sans être autrement inquiétée que par quelques coups de fusil tirés de loin contre l’arrière-garde ; un petit nombre de cavaliers du 14e, isolés dans la ville, purent même la traverser au galop, aux cris de Vive l’empereur ! et rejoindre leurs camarades. Marseille, quand vint la nuit, n’avait plus de garnison l’émeute était la maîtresse. Ce facile triomphe l’enivra ; victorieuse, il lui fallait des vaincus. Plusieurs bandes font aussitôt irruption sur les demeures des habitants signalés comme bonapartistes, enfoncent les portes, brisent les cloisons, et jettent par les fenêtres les objets mobiliers trop lourds pour être emportés. Les maisons pillées, on tue les propriétaires. Pendant ce temps, d’autres bandes envahissaient un quartier misérable, retiré, où se trouvaient réunis les débris de cette colonie de Mameluks et d’Orientaux venue d’Egypte à la suite de Napoléon et de l’armée française. Il n’y avait rien à dérober chez ces pauvres gens, qui avaient choisi la France pour patrie ; on se mit à les égorger. Ceux qui cherchaient à s’enfuir étaient poursuivis dans les rues, sur les places, jusque dans les maisons des autres habitants. Ni l’âge, ni le sexe, ne trouvaient grâce devant la rage des bourreaux ; des femmes, des enfants, furent massacrés jusque dans le port ; la mer elle-même ne pouvait les sauver ; des coups de carabine allaient les chercher au milieu des flots. Une Egyptienne, blessée à mort en essayant de s’échap-