Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 4.djvu/6

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce fut le dimanche, 25 juin, que le bruit de la défaite se répandit dans le chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône. Marseille, le matin, était calme et semblait déserte. Les propriétaires, les négociants, les principaux marchands, avaient quitté leurs maisons pour les nombreuses bastides qui enceignent la ville le reste des habitants remplissait les églises. Vers midi, quelques cris de Vive le roi ! partirent du milieu d’un groupe de désœuvrés réunis sur une des places ; bientôt ces cris se multiplient et s’étendent des gens du peuple, des petits marchands, parcourent les rues, annonçant le triomphe des Alliés et le retour de Louis XVIII ; des rassemblements considérables ne tardent pas à se former et à se porter devant les corps de garde occupés par la troupe de ligne, qu’ils provoquent par des injures et par des vociférations royalistes. Les soldats, immobiles derrière leurs armes rangées en faisceaux, répondent à ces clameurs et à ces injures par le chant de la Marseillaise. Le général Verdier, commandant la ville et la garnison, accourt ; il traverse les groupes au pas de son cheval, et confirme imprudemment la défaite, en invitant la foule au calme et à la modération. Ce langage presque timide et l’attitude passive des soldats, au lieu de modérer les passions en effervescence, les exaltent. L’insurrection semble facile et sans danger on s’insurge. Un jeune homme fond sur un des postes, le pistolet au poing et en criant : Bas les armes ! Il tombe, percé de deux balles. Au bruit de cette double explosion, des tambours se répandent dans tous les quartiers, bat tant la générale ; le tocsin sonne dans toutes les églises ; la population de Marseille se jette dans les rues, où ne tardent pas à paraître, à leur tour, quelques-unes de ces bandes de volontaires royaux organisées par le duc d’Angoulême trois mois auparavant, et que le bruit du tocsin fait précipitamment accourir des campagnes voisines.

Les populations du Midi sont plus bruyantes que résolues. Le général Verdier disposait d’un régiment d’infanterie, de quelques escadrons du 14’de chasseurs, d’une batterie d’ar-