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— 1814 —

« La renonciation contenue dans l’article 18, par les puissances alliées, est donnée à la condition expresse que la France renonce de son côté à toutes les réclamations qui pourraient être formées contre elles, à titre de dotations, de donations, de revenus à la Légion d’honneur, de sénatoreries, de pensions et autres charges de cette nature. »

Tel fut le traité du 30 mai. Au moment où M. de Talleyrand le signait ; quand il abandonnait ainsi à l’Angleterre, sans nécessité, sans débats, nos colonies de Tabago, de Sainte-Lucie, de l’île de France, de Rodrigue et des Séchelles ; quand il renonçait à la faculté de transporter dans l’Inde même un canon pour la défense de nos comptoirs, et qu’il laissait à la cour de Londres Malte et ses dépendances ; quand, soit connivence coupable, soit ineptie, il obligeait la France à reconnaître à l’avance la distribution que, dans un congrès où nous serions appelés, les Alliés feraient entre eux des royaumes et des territoires dont il nous laissait dépouiller ; dans ce moment-là même, disons-nous, 14,000 Français s’apprêtaient, en vertu d’ordres apportés de Paris, à remettre à des commissaires autrichiens, qui devaient ensuite les livrer à l’Angleterre, les îles Ioniennes, devenues, depuis longues années, possessions françaises ; 20,000 autres de nos soldats, commandés par le général Lemarrois, rendaient volontairement Magdebourg aux commissaires alliés ; et 40,000 hommes, sous les ordres de Davoust, sortaient volontairement aussi de Hambourg et des places voisines pour rentrer en France. Voilà quelques-uns des gages qui étaient encore dans nos mains près de deux mois après la prise de Paris ! Aucun de nos ministres, M. de Talleyrand moins que tout autre, ne parut en soupçonner même l’existence.

Et, comme si tous ces sacrifices et toutes ces hontes ne suffisaient pas, le prince de Bénévent eut l’audace d’imposer au Trésor un nouveau tribut de 8 millions, qui furent distribués à titre de gratifications aux ministres étrangers signataires de ce traité désastreux. Quatre rescriptions, d’un mil-