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— 1814 —

sement de l’empire, pour obtenir que l’hérédité accordée à la dignité impériale fût étendue aux fonctions de chaque sénateur. La rédaction du nouvel acte constitutionnel offrait enfin à cette Assemblée l’occasion de se conférer ce privilége ; elle n’eut garde d’y manquer. Aussi, en même temps que les sénateurs déclaraient que, seuls, ils composaient le nouveau Sénat, ils proclamaient héréditaire la dignité de chacun d’eux. Bien plus, en cas d’extinction d’un de ces titres, le roi ne pouvait nommer à la place vacante que sur une liste de trois candidats élus par les colléges électoraux et présentés par le Sénat lui-même. M. de Montesquiou consentait à l’hérédité sénatoriale, cette disposition entrait dans le principe monarchique ; mais il repoussait avec la plus grande énergie la prétention des titulaires actuels à vouloir non-seulement s’imposer comme les seuls membres du Sénat nouveau, mais encore priver la Royauté du droit de nomination directe aux vacances qui pourraient survenir. « La nomination de tous les membres de la Chambre haute sans exception doit appartenir exclusivement au roi, disait-il. — S’il en était ainsi, répliqua immédiatement un des commissaires du Sénat, la position des sénateurs actuels ne serait plus garantie. — Je parle principes, dit l’abbé, et ne me préoccupe point des personnes. — Les personnes sont pourtant bien quelque chose, ajouta le sénateur ; vous ne voulez sans doute pas qu’on puisse nous chasser comme des manants ? — Je ne veux chasser personne ; je veux, au contraire, qu’on vous comble ! répondit M. de Montesquiou, mais par des arrangements particuliers qui ne compromettent pas les principes essentiels de la puissance royale. Ce n’est point tout, d’ailleurs. Vous n’admettez que cent sénateurs : pourquoi cent ? La pairie anglaise compte plus de trois cent cinquante membres ! Le nombre des membres du Sénat doit être illimité. — Mais le roi sera maître de la constitution, s’il peut indéfiniment augmenter le nombre des sénateurs, dit aussitôt M. Lambrecht. — Ne faut-il pas qu’il puisse récompenser tous les grands services ? répliqua l’abbé. Comptez-vous donc pour rien,