soulèvements royalistes de l’intérieur ou dans les campagnes de l’émigration.
Et, comme si ce n’était pas assez de toutes ces atteintes irritantes aux droits de l’armée, le gouvernement, dans sa prodigalité, faisait une nouvelle profusion de grades au profit d’une foule de jeunes gens ou de vieillards qui, pour obtenir cette faveur, n’avaient pas même le prétexte du moindre service antérieurement rendu, soit par eux-mêmes, soit par leurs aïeux : il créait, sous le titre de maison militaire du roi, onze compagnies de gardes à cheval où il suffisait d’entrer pour avoir le grade de sous-lieutenant. L’admission, dans ces compagnies privilégiées, n’était soumise à aucune autre condition que celle d’y être reçu par leurs commandants. Instituée le 23 mai, par trois ordonnances successives, la maison militaire du roi se composait de six compagnies de gardes du corps, deux compagnies de mousquetaires, une compagnie de gendarmes, une compagnie de chevau-légers, et une compagnie de gardes de la porte. Par une singulière exagération du zèle qui emportait les conseillers de la nouvelle Royauté vers le vieux passé de la Monarchie, ils donnaient à cette maison militaire une force beaucoup plus considérable que ne l’était celle de la maison militaire de Louis XVI, et rétablissaient même des corps supprimés par ce prince, quarante ans auparavant, dès la seconde année de son règne[1].
Toutes ces mesures, germes de tempêtes pour l’avenir, étonnaient la masse de la population sans la passionner. Chez elle l’espèce d’étourdissement causé par les prodigieux événements des deux derniers mois durait encore ; elle regardait faire ; elle acceptait tous les changements sérieux ou grotesques dont elle était témoin comme le résultat obligé du triomphe de l’ennemi et du rappel des anciens princes ; et,
- ↑ Les deux compagnies de mousquetaires, et celles des chevau-légers et des gendarmes, dites les quatre compagnies rouges, avaient été supprimées le 15 décembre 1775. Les gardes du corps, sous l’ancienne Royauté, n’avaient jamais compté, en outre, plus de quatre compagnies,
