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— 1814 —

ancienne et douteuse fidélité, ou lui offrir l’hommage d’un dévouement juré à tous les gouvernements précédents. Puis, la harangue finie, chacun courait en exiger le prix dans les bureaux des différentes administrations. Les insurgés de toutes les époques, les conspirateurs de tous les régimes, entre autres, se présentèrent à tour de rôle. Un jour, c’étaient des officiers ou des soldats des anciennes armées catholiques et royales de la Bretagne et de la Vendée ; le lendemain, des gardes nationaux insurgés au 13 vendémiaire an III, des combattants de Lyon ou de Toulon, d’anciens affiliés aux bandes réactionnaires du Midi, des complices de la machine infernale ou du complot de Georges Cadoudal. Les solliciteurs de ces diverses catégories avaient, du moins, quelques titres à présenter ; mais ce que l’on ne croirait pas, si les journaux de l’époque n’en offraient des preuves nombreuses, c’est qu’une foule de gens, se disant auteurs d’odes, de chansons, de madrigaux, d’épigrammes ou de brochures royalistes que, par crainte de la police et des tribunaux de l’Empire, disaient-ils, ils n’avaient jamais osé publier, sollicitaient des réparations comme victimes de l’arbitraire et de la tyrannie impériale. La plupart des demandes de récompense ou d’indemnité venaient se centraliser dans les bureaux de la secrétairerie d’État, demeurée une sorte de département ministériel confié au secrétaire du conseil des ministres, le baron de Vitrolles : elles devinrent bientôt si nombreuses, le flot des sollicitations et des exigences prit des proportions si menaçantes, que M. de Vitrolles s’effraya, pour la popularité du nouveau gouvernement, de ce débordement de prétentions aussi impolitiques qu’insensées ; il essaya de l’arrêter. Frapper directement sur ces dévouements improvisés, annoncer que leurs démonstrations demeureraient en pure perte, était dangereux ; trop d’enthousiasmes se fussent soudainement refroidis. Le secrétaire d’État choisit un certain nombre de ces réclamations qui prêtaient à la raillerie, les mit sous les yeux du roi, et, de l’assentiment de Louis XVIII, confia à l’un des écri-