Enfin, une ordonnance, qui ne fut insérée qu’au Bulletin des lois, donnait à M. de Blacas le titre tout nouveau de ministre de la maison du roi, avec entrée et voix au conseil.
Ces nominations mettaient officiellement fin au gouvernement provisoire du comte d’Artois. Les premières ordonnances qui suivirent la prise de possession effective des affaires publiques par Louis XVIII furent encore des souvenirs et des essais d’ancien régime. Le comte d’Artois et le prince de Condé reprirent leurs anciens titres de colonels généraux des Suisses et de l’infanterie de ligne ; les ducs d’Angoulême, de Berry, d’Orléans et de Bourbon, devinrent, à leur tour, colonels généraux des cuirassiers et dragons, chevau-légers-lanciers, hussards, et de l’infanterie légère. Tous ces titres, aux termes de l’ordonnance qui les rétablissait, avaient pour but « de donner aux Armées une preuve de la satisfaction du roi. » Plusieurs régiments reçurent, en outre, des désignations spéciales : le 10e régiment de ligne, entre autres, prenait le nom de régiment-colonel-général. Enfin, les dénominations de général de brigade et de général de division, dénominations logiques, puisque ces officiers généraux commandaient et devaient continuer à commander des brigades et des divisions, furent remplacées par celles de maréchal de camp et de lieutenant général, titres ridicules, sans signification précise depuis longtemps, et qui, sous Louis XIII, ne répondaient déjà plus aux changements opérés dans l’organisation et dans le commandement des troupes.
Tous ces actes semblaient annoncer la pensée d’une reconstruction complète. En politique, on change rarement les choses sans changer les personnes ; telle est du moins la logique de la foule. Chacun voulut prendre sa part de cette immense curée de places. Il y eut une sorte de levée en masse de toutes les ambitions, de toutes les cupidités. La province s’ébranla sur Paris. Chaque matin, des députations, accourues des départements les plus éloignés, venaient rappeler à Louis XVIII et aux membres de sa famille le souvenir d’une
