qui les en avaient chassés ; les chefs, devenus pauvres, de l’ancienne aristocratie territoriale, et les possesseurs de leurs châteaux et de leurs domaines ; les titulaires dépossédés de nos principaux sièges épiscopaux, et leurs successeurs : les premiers, la tête haute et la parole altière ; les seconds, l’attitude confuse et la voix embarrassée.
La déclaration de Saint-Ouen, dans la pensée du roi, donnait une satisfaction suffisante aux nouveaux intérêts ; par elle, la Révolution avait ses garanties. Le lendemain de son entrée, Louis XVIII s’occupa de faire la part des intérêts anciens et de la vieille Royauté ; le 6 mai, il composa sa maison. Au nombre des dignitaires nommés étaient quatre capitaines des gardes. Cette dernière nomination impliquait le rétablissement de l’ancienne maison militaire. Des avis insérés dans toutes les feuilles périodiques ne tardèrent pas, en effet, à inviter tous ceux qui se croyaient des droits pour être admis dans les gardes du corps à se faire inscrire chez les capitaines désignés.
Après avoir donné ces premiers soins à l’organisation de sa cour, le nouveau roi dut songer aux intérêts généraux de son royaume. Il se décida, au bout de dix jours, à former son gouvernement. Le 15, le ministère fut composé : M. Dambray était nommé chancelier de France, M. de Barentin conservant les honneurs de la charge[1] ; le portefeuille des affaires étrangères était donné au prince de Bénévent, et l’intérieur à l’abbé de Montesquiou ; le général Dupont restait à la guerre, le baron Louis aux finances, et M. Malouet à la marine. Le ministère de la justice, bien que la feuille officielle n’en dît rien, passait dans les attributions du nouveau chancelier. La police cessait d’être un département ministériel, et devenait une simple direction générale confiée à M. Beugnot, qui descendait ainsi du ministère de l’intérieur à une position secondaire. M. Ferrand était nommé directeur général des postes.
- ↑ M. de Barentin, dernier chancelier de France sous Louis XVI, était beau-père de M. Dambray.
