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— 1814 —

dans la matinée, Louis XVII partit de Compiègne pour le château de Saint-Ouen.

Au moment où ce prince s’avançait vers la capitale, un des chefs alliés, Bernadotte, quittait la France pour retourner en Suède. Nous avons dit la part active et influente que prit cet ancien maréchal de l’Empire à la campagne de Saxe ainsi qu’au désastre de Leipsick. Nous avons également fait connaître la récompense promise à ses efforts parricides, dans les conférences d’Abo. Arrivé à Cologne, il y arrêta la marche de ses régiments suédois ; et, laissant les autres corps de l’armée du Nord franchir le Rhin, ce général publia, le 12 février, une proclamation dans laquelle il évoquait le souvenir de ses campagnes sur ce fleuve, alors qu’il y commandait une armée française, et où il affirmait n’avoir récemment combattu que pour la délivrance de l’Allemagne. Bernadotte terminait en formant des vœux pour la conservation de son ancienne patrie, et en protestant de son ardent désir de contribuer, par tous les moyens en son pouvoir, au bonheur de ses anciens compatriotes. Le prince royal de Suède désirait appeler sur lui l’attention de la France, et, comme tous les ambitieux, il dissimulait ses vues personnelles derrière un intérêt public ; mais sa demande ne fut pas entendue ; elle fut étouffée sous le tumulte causé par la chute de l’Empire.

Bernadotte se trouvait à Bruxelles, où il s’était rendu pour se tenir plus à la portée des événements, lorsque lui vint la nouvelle de la reddition de Paris. Parti en toute hâte pour cette capitale, il y arriva pour apprendre, de la bouche même d’Alexandre, l’impuissance de la tentative en sa faveur par le Tzar dans le conseil du 31 mars. Accueilli avec froideur par les autres chefs de l’armée alliée, qui lui reprochaient son inaction des deux derniers mois ; odieux à ses anciens compagnons d’armes, qui s’éloignaient de lui comme d’un transfuge ; dédaigné par l’aristocratie de toutes les races, qui ne voyait en lui qu’un parvenu, il se résigna, au bout de trois semaines d’un séjour presque ignoré, à reprendre le chemin de Stockholm. Ce fut le