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— 1814 —

Complimenté par le prince-régent, il lui fit la réponse suivante :

« Je prie Votre Altesse Royale d’agréer les plus vives et les plus sincères actions de grâces pour les félicitations qu’elle vient de m’adresser. Je lui en rends de particulières pour les attentions soutenues dont j’ai été l’objet, tant de la part de Votre Altesse Royale que de celle de chacun des membres de votre illustre maison. C’est aux conseils de Votre Altesse Royale, à ce glorieux pays et à la confiance de ses habitants que j’attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de notre maison sur le trône de ses ancêtres, et cet heureux état de choses qui promet de fermer les plaies, de calmer les passions et de rendre la paix, le repos et le bonheur à tous les peuples. »

Ce langage, dont les souverains alliés se montrèrent blessés et qui devait irriter, plus justement encore, la fierté du peuple que ce prince venait gouverner, n’était, pas seulement impolitique, il n’était pas rigoureusement vrai. Sans doute l’Angleterre avait provoqué toutes les coalitions formées pendant vingt ans contre la République et contre l’Empire, les avait toutes soldées, et, sans elle, sans sa haine persévérante, implacable, l’Empereur aurait encore pu maîtriser la fortune, même après les désastres de 1812 ; mais Alexandre seul avait décidé la chute de la dynastie impériale et le rappel des Bourbons : la Grande-Bretagne n’était pas représentée et n’avait exercé aucune influence dans le conseil qui se tint, le soir du 31 mars, à l’hôtel Talleyrand.

Le 24, Louis XVIII s’embarqua à Douvres sur un yacht anglais portant pavillon d’amiral de France, et qu’escortaient six vaisseaux de ligne et plusieurs frégates de la marine britannique. Cette escorte étrangère ne le quitta qu’à l’entrée du port de Calais, où le yacht le déposa, en même temps que la duchesse d’Angoulême, le prince de Condé et le duc de Bourbon, ses compagnons de route et de traversée.

Le personnage militaire qui se présenta le premier devant le chef de la maison de Bourbon et le reçut au moment où, après un exil de vingt-deux années, ce prince posait le pied