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— 1814 —

L’établissement d’impôts extraordinaires, décrétés par l’Empereur dans les premiers jours de janvier 1814, sans le concours du Sénat ni du Corps législatif, alors que l’ennemi envahissait nos départements frontières, formait un des principaux chefs d’accusation énumérés dans l’acte de déchéance. C’étaient ces mêmes impôts dont le nouveau lieutenant général ordonnait la perception ; il les exigeait également de son autorité privée, sans le concours du Corps législatif ni du Sénat, alors réunis, et qui certes auraient tout approuvé sans discussion, si le gouvernement nouveau avait daigné les consulter. Malgré cet insolent mépris de leur pouvoir et de leur titre, aucun membre de ces deux Assemblées n’éleva la voix ; pas un d’eux ne protesta. À la vérité, la différence des positions était une suffisante excuse aux yeux de ces hommes : l’Empereur, quand le Sénat lui faisait un crime de ses décrets, était tombé, et le prince qui en ordonnait l’exécution, dans des circonstances bien moins impérieuses, se trouvait debout !

Les nécessités du moment peuvent, du moins, faire comprendre ces mesures. Il n’en est pas ainsi d’un acte que, dans ces tristes jours, M. de Talleyrand négocia, acte désastreux, que rien ne peut justifier, et qui accuse, d’une manière accablante, le caractère ainsi que la moralité de ce personnage.

Le 24 avril, on lut dans le Moniteur :

« Aujourd’hui ont été ratifiées par S. A. R. Monsieur, frère du roi, lieutenant général du royaume de France, des conventions avec chacune des puissances alliées, en voici le texte :

Les puissances alliées réunies dans l’intention de mettre un terme aux malheurs de l’Europe..., ont nommé des plénipotentiaires pour convenir d’un acte, lequel, sans préjuger les dispositions de la paix, renferme les stipulations d’une suspension d’hostilités, et qui sera suivi, le plus tôt que faire se pourra, d’un traité de paix... Ces plénipotentiaires, après l’échange de leurs pouvoirs, sont convenus des articles suivants :

Art 1er. Toutes hostilités sur terre et sur mer sont et demeurent suspendues entre les puissances alliées et la France...