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— 1814 —

France à ses souverains légitimes ; d’assurer l’exécution de tous les actes du gouvernement provisoire ; de prendre toutes les mesures que pourraient exiger les circonstances pour faciliter l’établissement et l’action du gouvernement ; de recueillir enfin les renseignements les plus précis sur toutes les parties de l’ordre public. Pour arriver à ces résultats, les commissaires avaient les pouvoirs les plus étendus : « toutes les autorités civiles et militaires devaient leur obéir ; ils pouvaient suspendre et destituer provisoirement les dépositaires et les agents de l’autorité publique de toutes les classes et de tous les rangs ; ils avaient le droit de prononcer la mise en liberté immédiate de tous les individus détenus par ordre des autorités impériales pour faits politiques. » C’étaient là les instructions officielles. Le mot suivant de M. Beugnot, faisant fonction de ministre de l’intérieur, à M. Gilbert de Voisins, ancien parlementaire et un des commissaires nommés, peut indiquer la nature des instructions confidentielles : « Allons ! j’espère bientôt nous revoir au parlement de Paris ; car tout ce que nous faisons maintenant est provisoire, et il faudra bien en revenir à l’ancienne constitution monarchique. »

Les antécédents et les opinions de la moitié, au moins, des commissaires, étaient, au reste, fort significatifs : une partie d’entre eux, comme MM. d’Osmond, Alexis de Noailles, Jules de Polignac, Mathieu de Montmorency, Bruno de Boisgelin, Auguste de Juigné, de Champagne, et Roger de Damas, absents de France depuis près d’un quart de siècle, ne connaissaient ni les choses ni les hommes de la France nouvelle : envoyés précisément dans ceux des départements du centre, de l’Ouest et du Midi, où l’élément royaliste avait le plus longtemps et le plus énergiquement fermenté, leur présence, au lieu de faciliter la transition du régime tombé au régime nouveau, ranima les anciennes passions. Apôtres de réaction et d’intolérance, ils encouragèrent les manifestations les plus outrageantes contre l’Empire et contre la Révolution. Chargés surtout d’assurer l’exécution de tous les actes du gouver-