Bourbon ; de lui faire en cette qualité seule la réception la plus brillante, et de dissimuler, sous les marques de respect et d’honneur qui lui seraient prodiguées, le silence gardé sur sa position politique. Voici les termes de la vague allocution qu’adressa, en effet, M. de Talleyrand au frère de Louis XVIII, lorsque, le 12 avril au matin, ayant à côté de lui ou derrière lui ses collègues, tous les ministres et les principales autorités parisiennes, il le reçut à la barrière de Bondy :
« Monseigneur, le bonheur que nous éprouvons en ce jour de régénération est au-dessus de toute expression, si Monsieur reçoit avec la bonté céleste qui caractérise son auguste maison l’hommage de notre religieux attendrissement et de notre dévouement respectueux. »
Le comte d’Artois, déconcerté par le laconisme et par l’obscurité de cette phrase, répondit quelques mots sans suite, et entra dans Paris.
Ce prince était arrivé à la barrière, précédé et suivi par plusieurs détachements d’une garde nationale à cheval improvisée, que commandait M. Charles de Damas, et entouré par un nombreux état-major militaire où figuraient, à côté du duc de Mortemart, du duc de Luxembourg, de MM. de Crillon, de Chabot, de Labourdonnaie, revêtus pour la plupart de leurs uniformes de l’armée impériale, les maréchaux Kellermann, Marmont, Moncey, Oudinot, Ney, Sérurier, et le général Nansouty. M. de Talleyrand, dans les quelques paroles qu’il avait prononcées, venait de donner au comte d’Artois la qualification de Monsieur ; le gouvernement provisoire avait fait à ce prince une autre concession. Le comte, depuis sa venue en France, portait la cocarde blanche ; il en avait encouragé la distribution sur tous les lieux de son passage. Le 10, deux jours avant son entrée, le Moniteur annonça que la garde nationale prendrait cette cocarde. Cet ordre spécial n’obligeait pas l’armée. Tous les maréchaux, lorsqu’ils se présentèrent devant le comte, en avant de la Villette, avaient donc la cocarde tricolore au chapeau. Le prince leur fit l’accueil le plus
