Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
— 1815 —

sentant de Louis XVIII jusqu’au 3 avril. La veille, un ancien émigré, M. de Damas-Crux, que le duc d’Angoulême venait de lui donner pour collègue, lui apprit qu’un bataillon d’artillerie, renvoyé de Montpellier à cause de son mauvais esprit, allait arriver à Toulouse. M. de Vitrolles, confinant M. de Damas-Crux dans quelques détails secondaires d’administration, ordonna à son généralissime de faire rebrousser chemin au bataillon d’artillerie. Le maréchal Pérignon, toujours docile, transmit cet ordre, pour l’exécution, au commandant de la division, le générât Laborde.

Ce dernier était en communication, depuis vingt-quatre heures, avec le général Chartran, arrivé de Paris, porteur d’ordres de l’Empereur et du ministre de la guerre pour les autorités militaires de la division. Au lieu d’obéir, le général Laborde dépêcha au-devant du bataillon quelques officiers chargés de hâter son arrivée ; le bataillon entra pendant la nuit. Le lendemain 4, au matin, MM. de Vitrolles et de Damas étaient arrêtés, et le maréchal Pérignon, n’osant encore se prononcer pour l’Empereur, retournait à sa terre. Il n’y eut de résistance chez personne ni nulle part ; le drapeau tricolore fut arboré sur tous les édifices de la ville, aux acclamations de la population. Le général Laborde fit une part différente à ses deux prisonniers : M. de Damas-Crux, dont la capacité lui paraissait peu dangereuse[1], fut libre de se retirer en Espagne ; M. de Vitrolles, en raison du caractère qu’il avait déployé[2], fut gardé et dirigé ensuite sur Paris.

Suivant le plan que M. de Vitrolles avait conçu pour conserver aux Bourbons le midi de la France, et qu’il avait communiqué à la duchesse d’Angoulême, le mari de cette princesse, au lieu de se borner à maintenir le Languedoc et la Provence sous l’autorité royale, devait abandonner la défensive pour l’attaque, et s’efforcer d’enlever Lyon ainsi que Grenoble à la cause impériale.

  1. Expressions du rapport du général Laborde à l’Empereur.
  2. Idem.