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— 1815 —

s’il se rendit, comme on le verra, le complice de l’étranger, on ne saurait suspecter, du moins, la sincérité de son attachement au principe de la Restauration, et ce n’est pas lui, encore une fois, qui aida au retour de l’île d’Elbe.

Les royalistes purs, de leur côté, avaient défendu le gouvernement royal dans la mesure de leur intelligence et de leurs forces. On a vu que, livrés aux plus incroyables illusions, ils envisagèrent d’abord le débarquement de l’Empereur comme un coup de fortune, croyant y trouver l’occasion de se débarrasser à la fois de Napoléon, de ses partisans et de toutes les institutions sorties de la Révolution ; car, dans leur logique, l’Empire et la République étaient une même chose, et ils confondaient, sous la dénomination commune de jacobins, les admirateurs de Napoléon et les partisans les plus timides comme les plus énergiques des principes ou des faits consacrés depuis 1789. La reddition de Grenoble ne les avait pas effrayés. Les généraux juraient d’être fidèles ; l’armée, dès lors, appartenait au roi : or, que pouvaient, disaient-ils, les 900 soldats de l’usurpateur contre 200,000 hommes ? Les événements de Lyon les surprirent sans les décourager ; ils eurent foi dans l’enthousiasme menteur du public officiel et dans leur propre énergie ; il crurent surtout à l’efficacité des châtiments dont le gouvernement menaçait tous les traîtres, et des récompenses promises à tous les fidèles. À mesure que Napoléon approchait, ils s’étourdissaient avec leurs cris et à l’aide de l’agitation qu’ils s’efforçaient de produire autour d’eux. Le jour même du départ du roi, ils encombraient les Tuileries, les ministères et les lieux publics, proposant ou promettant à grand bruit d’en finir pour le lendemain ; puis, le jour suivant, quand Napoléon se présenta seul, tous avaient disparu.

Le gouvernement royal ne rencontra de défenseurs effectifs, lors du 20 mars, que dans quelques départements éloignés. Bordeaux, Marseille, entre autres, s’armant, moins pour soutenir une doctrine politique que pour défendre des intérêts