hostiles ; ils ne firent que céder à l’impulsion de leurs soldats[1]. » Quelques-uns, comme le maréchal Macdonald, à Lyon, et le général Maison, à Saint-Denis, essayèrent de combattre cet entraînement ; on a vu ce qui faillit en résulter pour eux. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr, à Orléans, voulut aussi maintenir ses troupes dans l’obéissance ; sa vie fut également en danger. Les événements de Grenoble étaient déjà connus lorsque les maréchaux Oudinot, Masséna et Jourdan, protestaient, dans des Adresses à Louis XVIII, de leur dévouement et de leur fidélité ; le général Decaen les imitait le 12 mars ; le 15, les généraux Rapp, Miollis et Belliard offraient leurs services à la cour ; le 19, au moment même où le roi se disposait à quitter les Tuileries, il recevait une Adresse semblable du général Letort, tué, le 15 juin suivant, en avant de Fleurus ; le même jour, un des maréchaux écrivait à Louis XVIII : « Sire, je suis un vieux soldat invalide ; mais que Votre Majesté me confie un mousquet, et j’aurai encore assez de forces pour marcher contre l’ennemi de mon pays. » La Restauration, pour détourner de ses princes, de ses ministres et de ses émigrés, la responsabilité des Cent-Jours, n’a voulu voir dans tous ces témoignages que des faits odieux de duplicité. Ces assurances, nous le répétons, étaient sincères ; nous citerons encore Napoléon : « Si les Bourbons, a-t-il dit, ont eu à se plaindre de la complète désertion du soldat et du peuple, certes ils n’ont pas le droit de reprocher le manque de dévouement et de fidélité aux principaux de l’armée. Tous ont fait leur devoir ; mais ils ne pouvaient rien contre le torrent de l’opinion, et personne n’avait bien calculé les sentiments de la masse et l’élan de la nation[2]. »
Les royalistes constitutionnels ne faillirent pas non plus aux Bourbons. Loin de là, le retour de l’île d’Elbe n’eut point d’adversaires plus décidés. Attachés à la Restauration de toute la force de leur haine contre l’Empire et son despotisme, ils
