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— 1815 —

qu’il prononça devinrent le signal d’une révolte sérieuse : on envahit sa demeure, ses appartements furent forcés ; il n’eut que le temps de se jeter sur le cheval d’un lancier pour échapper à la colère des soldats. Les ordres récents du gouvernement royal avaient, en outre, assemblé à Saint-Denis un grand nombre d’officiers à demi-solde. Pendant le tumulte, ces officiers, appelant à eux une batterie d’artillerie, une compagnie d’infanterie et quelques détachements de cuirassiers, s’étaient mis en marche pour Paris. Ils rencontrèrent, en entrant dans le faubourg, le général Excelmans, qui, revêtu de son uniforme et la cocarde tricolore au chapeau, se rendait précisément à Saint-Denis pour soulever les troupes. Ce général prit le commandement de la colonne et la conduisit, par les boulevards et la rue de la Paix, sur les Tuileries, devant lesquelles il ne tarda pas à paraître, précédé par plusieurs milliers de citoyens qui poussaient les cris de : À bas les Bourbons ! vive l’Empereur ! C’était le bruit causé par la marche de cette colonne qui avait attiré l’attention de la foule réunie sur le Carrousel, au moment où la lutte, des deux côtés des grilles, menaçait de devenir sérieuse. La présence du général Excelmans termina la querelle. Le général se fit ouvrir les grilles et s’installa au château. Peu d’instants après, le drapeau blanc était enlevé, et la foule saluait de ses hourras et de ses applaudissements un immense drapeau tricolore arboré sur le pavillon de l’Horloge.

Tant que dura le jour, cette foule, où se pressaient surtout les classes laborieuses, se maintint compacte et enthousiaste dans la cour du palais et sur la place du Carrousel. Vers le soir, le plus grand nombre, fatigué d’attendre, se retira ; la nuit venue, il ne restait plus que des soldats, des officiers avides de saluer les premiers le général, leur idole. Enfin, à huit heures, un grand bruit de chevaux et de voitures, arrivant du côté du quai, annonça l’approche de Napoléon, qui venait de franchir 230 lieues en vingt jours, sans que ses 900 soldats eussent tiré un seul coup de fusil. L’Empereur